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Le han subit d'un bûcheron retint notre attention. Je me dressai sur mon séant, tout ouïe.
« Il n'est plus temps de discourir ! m'exclamai-je. Mais bien temps de m'éclipser. »
Je me levai promptement. Tout abasourdie, et éblouie à la vue de mon corps déployé à la verticale, il ne s'en fallut guère que la laie ne perdît le sens et elle tenta une imitation pour le moins époustouflante. Elle se dressa sur ses pattes de derrière, mais, embarrassée, comme on peut l'imaginer, elle s'empêtra dans sa marche improvisée, jusqu'à s'affaler magistralement. Il s'ensuivit un bruit mat.
Et, sans atermoiement, nous nous enfuîmes de conserve.
Nous parvînmes sans encombre à la lisère de la forêt hercynienne, où l'autoroute, saturé (saturée) inopinément d'embouteillages, interrompit notre galopade. Mille raisons nous empêchaient de faire de l'auto-stop (autostop). Nous rebroussâmes chemin en cherchant un itinéraire adéquat. C'est en un gymkhana périlleux que se mua alors notre périple aventureux.
Nous gravîmes des rocs, enjambâmes des avens*, plongeâmes bravement dans des torrents tumultueux.
—Je n'en peux mais, lâchai-je, essoufflée.
—Et moi itou, répondit ma compagne improvisée, comme saoule (soûle) de s'être trop hâtée**.
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*des avens, prononcer avènes
**trop hâtée, pas de liaison puisque le H est aspiré (la hâte)
>La liaison - L'élision - L'enchaînement - La disjonction
NOTES
Le han subit d'un bûcheron retint notre attention
♦ Un han : le bûcheron pousse un han quand il lance sa cognée. Han !
> Qu'est-ce qu'une interjection ? Qu'est-ce qu'une onomatopée ?
♦ SUBI(E, S, ES), SUBIT(E, S, ES)-SUBIT, SUBÎT
Subit(s), subite(s), adjectif, brusque, soudain, soudaine.
À ne pas confondre avec le participe subi du verbe subir,
j'ai subi un dommage, la torture que j'ai subie
ni avec les 3 personnes du singulier du présent de l'indicatif et du passé simple du verbe subir,
je subis, tu subis, il subit,
ni avec l'imparfait du subjonctif,
(il fallait) qu'il subît
Je me dressai sur mon séant, tout ouïe
♦ le séant, le derrière
♦ Tout ouïe, je suis tout ouïe = j'écoute attentivement, je suis tout oreilles. Tout est employé adverbialement.
Tout abasourdie, tout adverbe.
Il ne s'en fallut guère que la laie ne perdît le sens
SUBJONCTIF IMPARFAIT et SUBJONCTIF PLUS-QUE-PARFAIT
Dans la langue courante on utilise plus fréquemment
♦ le présent du subjonctif au lieu de l'imparfait du subjonctif
♦ et le passé du subjonctif au lieu du plus-que-parfait du subjonctif
Il ne s'en fallut guère que la laie ne perdît le sens. (imparfait du sub.)
On dirait plus facilement : que la laie ne perde le sens. (présent)
On écrit :
Je voudrais, je voulais, je voulus, j'aurais voulu qu'il fût arrivé avant 8 heures. (plus-que-parfait du sub.)
On préférera dire : qu'il soit arrivé... (passé du sub.)
Pour trouver le subjonctif imparfait d'un verbe on pense au passé simple.
Je courus, que je courusse,
il plia, qu'il pliât,
il sut, qu'il sût,
elles cueillirent, qu'elles cueillissent,
tu vins, que tu vinsses,
je cousis, que je cousisse,
tu sus, que tu susses,
ils vainquirent, qu'ils vainquissent.
Voir l'article sur les emplois du subjonctif et les deux quiz d'application Quiz 28 et Quiz 29
On notera à la 3ème personne des verbes en IR du 2e groupe :
Je ne veux pas qu'il faiblisse (présent du subjonctif)
Je ne voulais pas qu'il faiblît (imparfait du subjonctif)
3e groupe :
Je veux qu'elle cueille. Je voulais qu'elle cueillît
elle se dressa sur ses pattes de derrière
Derrière, arrière
Ses pattes de derrière (nom), par derrière la maison (locution prépositive) Il est sorti par derrière (adverbe)
MAIS : les feux arrière (adjectif invariable)
en arrière (locution adverbiale)
et sans atermoiement nous nous enfuîmes de conserve
♦ atermoyer, différer, remettre à plus tard, à une date ultérieure.
atermoiement, apitoiement, fourvoiement, tutoiement, vouvoiement ou voussoiement, etc.
♦ de conserve, de concert (et non pas en concert !), ensemble.
Nous parvînmes sans encombre à la lisière de la forêt hercynienne
♦ sans encombre, sans rencontrer aucun ennui ni aucun obstacle.
♦ la forêt hercynienne, datant de l'ère primaire.
l'autoroute saturé inopinément d'embouteillages
Une ou un autoroute
Autostop ou auto-stop
nous enjambâmes des avens
des gouffres creusés dans le calcaire, ex. l'aven d'Orniac.
Je n'en peux mais : je n'en peux plus
n'en pouvoir mais, vieilli ou familier.
et moi itou : et moi de même
itou, familier.
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