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« Va te mistifriser, on sort ! »
« Qu'est-ce que tu fais ? Tu te mistrifises ?
« Regardez-la, comme elle s'est mistifrisée ! »
C'est une douce musique de mon enfance qui me revient en mémoire quand je pense à ce mot, quand ma mère le disait. Je croyais qu'elle était la seule à le connaître, ou bien qu'elle l'avait inventé, pour nous. Je ne l'avais jamais entendu prononcer par quiconque.
Si gai, si vivant, si pimpant avec ses trois i qui éclatent en sourires, il suppose une application toute particulière dans l'activité qu'il décrit.
Je me faisais belle, je me coiffais avec soin, je me pomponnais, je me mistifrisais.
Maman avait ses mots, ses mots bien à elle, qu'elle avait conservés de sa jeunesse, et je ne m'étonnais pas de ne les entendre, pour la plupart, que dans sa bouche. Certes, je connaissais beaucoup des expressions qu'elle employait — ils appartenaient à la langue bien de chez nous, le gaga — mais se mistifriser, non, je croyais vraiment qu'elle l'avait fait pour l'ajouter à son vocabulaire riche, savoureux, coloré.
Un jour que Monsieur Toubon, alors Ministre de la Culture et de la Francophonie préparait sa loi qu'on nommerait la Loi Toubon, comme il se doit, et qui verrait le jour le 4 août 1994, loi destinée à protéger notre belle langue française, notre précieux patrimoine linguistique, contre l'invasion anglophone, je l'entendis s'exprimer sur ce sujet à la radio, et soudain, dans son discours, il évoque des mots qu'il affectionne et prononce : « se mistifriser ».
Je n'en reviens pas ! Ainsi ce mot est-il connu et résonne-il dans d'autres familles que la mienne...
J'en ai fait cadeau à ma fille.
Comme tu es belle, ma fille, toute mistifrisée !
Si l'on jette un coup d'oeil curieux sur la toile, on rencontre que beaucoup de gens se mistifrisent de par le monde, de nombreux dialectes s'étant approprié le mot, le lyonnais, le bourbonnais, le normand, celui de la Saintonge, du Poitou et de l'Aunis, et même les Cadiens, ou Cajuns dont le parler d'origine vient de ces trois provinces, encore tellement attachés à leur vieille langue française, celle que leurs aïeux ont emportée avec eux jusqu'en Louisiane au XVIIe et XVIIIe siècle.
Non, je ne suis pas la seule à aimer ce vocable guilleret et je m'en réjouis fort. Ne l'ai-je pas trouvé dans le Soulier de Satin de Paul Claudel qui nous donne à voir des « courtisans dorés et mistifrisés ». Pas de mistigri là-dedans, ni de mystification comme une certaine interprétation voudrait nous le laisser croire, mais du gaga assurément.
Et la voix de ma mère — chère voix qui s'est tue — qui me l'a fait entendre si souventes fois.
Mamiehiou
NOTES
Le gaga, le parler stéphanois.
En regardant dans le dictionnaire de l'ancienne langue française de Godefroy, je lis quelques acceptions de miste.
Miste, adjectif : joli, gentil, bien mis, propret.
mais aussi
Miste comme substantif : élégant, élégante.
Une jeune damoyselle, miste, belle, gaillarde, dispose et affaitee. (1617, Le Diogène français)
Et d'autres encore.
NOTES
Le gaga, le parler stéphanois.
> Dictionnaire Gaga – Le parler stéphanois
En regardant dans le dictionnaire de l'ancienne langue française de Godefroy, je lis quelques acceptions de miste.
Miste, adjectif : joli, gentil, bien mis, propret.
mais aussi
Miste comme substantif : élégant, élégante.
Une jeune damoyselle, miste, belle, gaillarde, dispose et affaitee. (1617, Le Diogène français)
Et d'autres encore.
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Quelques mots gaga que vous trouverez dans ce blog :
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« J'ai pris un petit vin du Forez. Et vous, qu'est-ce que vous prenez ?
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