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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 19:11

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Voici, glanées ici et là, quelques réflexions de nos grammairiens sur les consonnes. 

 

Charles-Pierre Girault-Duvivier

Grammaire des grammaires  (cinquième édition) 1822

Chapitre 2 pages 26 et suivantes

Consonne

Les consonnes n'ont pas de son par elles-mêmes, elles ne se font entendre qu'avec l'air qui fait la voix ou voyelle ; c'est en quoi leur son diffère de celui des voyelles, qui n'est formé que par une seule émission de voix et sans articulation. Ce son des consonnes diffère encore du son des voyelles, en ce que le son de celles-ci est permanent, c'est-à-dire qu'on peut faire un port de voix sur toutes les voyelles, au lieu que le son propre des consonnes ne peut se faire que dans un seul instant, c'est-à-dire qu'il est impossible de faire un port de voix sur aucune consonne.

De tout cela il résulte que la voyelle est le son qui provient de la situation où les organes de la parole se trouvent dans le temps que la voix sort de la trachée-artère, et que la consonne est l'effet de la modification passagère que cet air reçoit de l'action momentanée de quelque organe particulier de la parole.

C'est relativement à chacun de ces organes que, dans toutes les langues, on divise les lettres en certaines classes, où elles sont nommées du nom de l'organe particulier qui paraît contribuer le plus à leur formation. Ainsi on appelle labiales celles à la formation desquelles les lèvres sont principalement employées ; comme P, B; F, V, dans père, bon, feu, vie ;

Linguales, celles à la formation desquelles la langue contribue principalement ; comme D, T N, R, L, dans de, tu, notre, rivage, livre ;

Palatales, celles dont le son s'exécute dans l'intérieur de la bouche, à peu près au milieu de la langue et du palais vers lequel elle s'élève un peu à cet effet, comme G, J, K, Q, et les sons mouillés, IL, ILLE, AIL, AILLES, dans gingembre, guenon, jésuite, kermès, quotité, péril, fille, travail, broussailles ;

Dentales ou sifflantes, celles dont le son s'exécute vers la pointe de la langue appuyée contre les lèvres, comme S, C, Z, CH, dans se, ci, zizanie, cheval ;

Nasales, celles qui se prooncent un peu du nez, comme M, N, R, dans main, nain, règne.

Enfin celles qui sont prononcées avec une aspiration forte, et par un mouvement du fond de la gorge, sont appelées gutturales. Nous n'avons de son guttural que la lettre H quand elle est aspirée ; comme dans les mots le héros, la hauteur.

Remarque.- Il y a des grammairiens qui mettent la lettre h au rang des consonnes ; d'autres, au contraire, soutiennent que ce signe, ne marquant aucun son particulier analogue au son des autres consonnes, ne doit être considéré que comme un signe d'aspiration ; mais, comme dit Dumarsais, puisque les uns et les autres de ces grammairiens conviennent de la valeur de ce signe, ils peuvent se permettre de l'appeler ou consonne ou signe d'aspiration, selon le point de vue qui les affecte le plus.

 

William Duckett

Dictionnaire de la conversation et de la lecture – 1932 Volume 16

page 319 et suivantes

Consonne

Tout le monde sait que que les lettres se divisent en voyelles et en consonnes. Les voyelles expriment les sons purs et simples que forme la voix humaine, semblables à ces cordes d'un instrument qui, seules, rendent un son constant et uniforme, et ne peuvent enfanter les prodiges de l'harmonie qu'avec l'assistance féconde de l'archet habile, ou de la main savante de l'artiste. La consonne est pour la voyelle ce que le coup d'archet est pour la corde musicale : elle opère le miracle de l'harmonie des langues comme celui-ci opère l'harmonie des sons. Aussi, les sons des voyelles ont paru tellement bien établis à certains peuples, qu'ils ont négligé d'exprimer les voyelles dans leur écriture. Ils se sont uniquement attachés à peindre les consonnes avec toutes leurs nuances d'articulation. La consonne est donc tout dans le discours. Elle modifie la voyelle suivant les passions qu'elle exprime : elle la brise et l'écrase sous une aspiration forte, comme elle la module sous une inflexion douce et sonore.- Les savants ont divisé les consonnes en labiales, linguales, palatales, dentales, nasales et gutturales, suivant que ce sont les lèvres, la langue, le palais, les dents, le nez ou la gorge qui sont les plus affectés ou qui jouent le principal rôle dans leur prononciation. - Nous laissons ces divisions pour citer quelques exemples. Ce vers de Virgile toujours beau à citer pour l'effet des consonnes :

Quadrupedante putrem sonitu quatit ungula campum

les sabots sonores des chevaux martèlent la plaine poudreuse.

ainsi que ce vers de la Phèdre de Racine (acte V, scène 6) :

L'essieu crie et se rompt

et cet autre que le même auteur met dans la bouche d'Oreste (Andromaque, acte V, scène 5)

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?

La consonne est d'un bien mauvais effet dans ce vers de Voltaire :

Non, il n'est rien que Nanine n'honore,

où l'on comptait neuf N et qui est un peu moins mauvais tel qu'il a été refait depuis :

Non, il n'est rien que sa vertu n'honore.

Quant à celui-ci :

Ciel, si ceci se sait, ses soins sont sans succès,

il appartient à la parodie, qui ne pouvait rien imaginer de plus ridicule, dans aucune langue. - Monsieur Charles Nodier a parfaitement déterminé les lois de l'usage des consonnes dans sa Linguistique : " Que le poète, dit-il, fasse bruire les brises à travers les bruyères, murmurer les ruisseaux qui roulent lentement leurs eaux entre les rivages fleuris, soupirer les scions ondoyants qui se balancent, qui gémissent ; frémir et frissonner les frais feuillages  ; roucouler la tourterelle ou hurler au loin le hibou ; qu'il fasse se lamenter les vents plaintifs ; qu'il les fasse rugir furieux ; qu'il mêle leur clameur effrayante à la sourde rumeur de l'ouragan, au fracas des torrents qui se brisent de roc en roc, au tumulte des cataractes qui tombent, aux éclats des tonnerres qui grondent, aux cris des pins qui se rompent."

EDOUARD BRACONNIER

Les autres volumes du Dictionnaire de William Duckett

> Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture - William Duckett


Le Littré,1863-1877 - d'après Émile Littré

Dictionnaire Littré en ligne (Reverso) 

Consonne 

Terme de grammaire. Lettre qui n'a point de son par elle-même et ne se prononce qu'en s'appuyant sur une voyelle. Les consonnes et les voyelles. Il y a dix-neuf consonnes en français : b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, x, z. Les consonnes ne sont entendues qu'avec l'air qui fait la voix ou voyelle. [Dumarsais, Mél. gramm. philos. Oeuvres, t. IV, p. 364, dans POUGENS.]

Adjectivement. Les lettres consonnes.

Le j se nommait autrefois i consonne, et le v, u consonne.

 

Caractérisiques articulatoires

 

 ♦ consonnes bilabiales, labiodentales, dentales, palatales, vélaires -

  consonnes occlusives, fricatives, spirantes -

  consonnes sourdes, sonores -

  consonnes fortes, faibles -

  consonnes orales, nasales -

 

  Le p et le b sont des bilabiales orales, le m une bilabiale nasale, le f et le v sont des labiodentales.

  Le d et le t sont des dentales.

 ♦ Le n mouillé (gn) est une consonne palatale ; le yod (y dans yeux par exemple) est une semi consonne (ou semi voyelle) palatale.

  Une consonne est vélaire lorsqu'elle est articulée avec le dos de la langue près du palais, k, g, et le son anglais de la fin du mot smoking.

 

  B, d, g sont des occlusives sonores.

  P, t, c sont des occlusives sourdes.

  Les spirantes se caractérisent par l'émission d'un souffle prolongé s, z, ch, j, f, v. Et  en anglais th, sourde dans thing, sonore dans this.

  F est une consonne fricative sourde, v est une consonne fricative sonore.   Frottement de l'air contre les lèvres et les dents.

 

  P, t, c sont des consonnes fortes ou tendues ; par opposition aux consonnes faibles ou douces.

  M, n, gn sont des consonnes nasales (par opposition aux consonnes orales) : une partie de l'air expulsé passe par le nez. 

 

 

Pour en savoir +

Dans le Trésor de la langue Française

CONSONNE, subst. Fém.

 

L'Académie 9e édition

CONSONNE, n. f.
 

Notes de mamiehiou

Toutes les nuances articulatoires ne se trouvent pas dans cet article. Vous les retrouverez facilement sur la toile. Vous pouvez apprendre aussi, si vous ne les connaissez pas encore, les signes phonétiques internationaux qui vous permettront de bien prononcer les mots français et étrangers.

........................................

Non, je ne pouvais résolument pas terminer cet article sans vous donner le plaisir de lire ou de relire la scène du Bourgeois Gentilhomme de Molière où monsieur Jourdain apprend ce que sont les voyelles.

Comme les consonnes ne vont jamais (ou presque) sans les voyelles...


Acte II, scène 5 (extrait)


Monsieur Jourdain
Apprenez-moi l'orthographe.

Maître de philosophie
Très volontiers.

Monsieur Jourdain
Après, vous m'apprendrez l'almanach, pour savoir quand il y a la lune et quand il n'y en a point.

Maître de philosophie
Soit. Pour bien suivre votre pensée et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer, selon l'ordre des choses, par une exacte connaissance de la nature des lettres et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j'ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles parce qu'elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes parce qu'elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq voyelles ou voix : A, E, I, O, U.

Monsieur Jourdain
J'entends tout cela.

Maître de philosophie
La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A.

Monsieur Jourdain
A, A, oui.

Maître de philosophie
La voix E se forme en rapprochant la mâchoire d'en bas de celle d'en haut : A, E.

Monsieur Jourdain
A, E; A, E. Ma foi, oui. Ah! que cela est beau!

Maître de philosophie
Et la voix I, en rapprochant encore davantage les mâchoires l'une de l'autre, et écartant les deux coins de la bouche vers les oreilles : A, E, I.

Monsieur Jourdain
A, E, I, I, I, I. Cela est vrai. Vive la science !

Maître de philosophie
La voix O se forme en rouvrant les mâchoires et rapprochant les lèvres par les deux coins, le haut et le bas : O.

Monsieur Jourdain
O, O. Il n'y a rien de plus juste. A, E, I, O, I, O. Cela est admirable! I, O, I, O.

Maître de philosophie
L'ouverture de la bouche fait justement comme un petit rond qui représente un O.

Monsieur Jourdain
O, O, O. Vous avez raison. O. Ah ! la belle chose que de savoir quelque chose !

Maître de philosophie
La voix U se forme en rapprochant les dents sans les joindre entièrement, et allongeant les deux lèvres en dehors, les approchant aussi l'une de l'autre sans les joindre tout à fait : U.

Monsieur Jourdain
U, U. Il n'y a rien de plus véritable, U.

Maître de philosophie
Vos deux lèvres s'allongent comme si vous faisiez la moue, d'où vient que, si vous la voulez faire à quelqu'un et vous moquez de lui, vous ne sauriez lui dire que U.

Monsieur Jourdain
U, U. Cela est vrai ! Ah ! que n'ai-je étudié plus tôt pour savoir tout cela !

Maître de philosophie
Demain nous verrons les autres lettres, qui sont les consonnes.

[...]

 

>> Le nom et le genre des lettres - l'h, le h, un h, une h, un ache - l's, le s, une esse - etc

 

>> Le A au fil des dictionnaires

 

  LE FRANÇAIS DANS TOUS SES ÉTATS

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