→ UNE PETITE HISTOIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE
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« Dis-moi pourquoi le vent... »
L'autre jour, Victor, mon petit-fils de deux ans a posé, à sa maman, une question :« Dis-moi, pourquoi le vent ? » C'était son premier pourquoi.
Cette interrogation qui peut paraître anodine et naturelle, serait la première d'une longue liste d'autres pourquoi :
« Dis-moi, pourquoi la France ?* »
Et comme son chinchilla est originaire du Chili :
« Dis-moi, pourquoi le Chili ? »
Et voilà qu'on lui donne à qui mieux mieux des explications à sa mesure.
Un jour peut-être, lorsqu'il sera plus grand, me demandera-t-il :
« Dis-moi, pourquoi le français ? »
Je ne me déroberai pas devant sa petite frimousse tout éclairée de curiosité. Et je lui raconterai, comme un conte passionnant, plein de rebondissements, l'histoire de la Langue Française.
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Il faut remonter en des temps très anciens où la France ne s'appelait pas encore la France et où le français, qui se déclinait en de multiples dialectes, n'était pas encore une langue écrite.
À la tête d'un vaste empire qui s'étend du Danemark à la Lombardie, de l'Elbe à l'Ebre, Charles Ier le Grand, dit Charlemagne, laisse, à sa mort en 814, son empire à son fils Louis le Pieux ou le Débonnaire.
Louis le Pieux, pour satisfaire ses fils qui se querellent au sujet de sa succession, partage cet empire en trois parts pour ses trois fils : son aîné Lothaire, Louis le Germanique et Charles Le Chauve.
À la mort de son père en 840, Lothaire veut s'emparer du pouvoir mais ses frères se liguent contre lui. Une sanglante bataille défait Lothaire qui s'enfuit.
En 842, les deux princes, Louis et Charles, se rencontrent à Strasbourg, non seulement pour conclure une alliance contre Lothaire, mais pour que chacun des deux reconnaisse à l'autre son droit à un royaume.
Comme on parle le tudesque, une langue germanique, dans le royaume de Louis, et une langue romane dans le royaume de Charles, les Serments de Strasbourg sont écrits dans les deux langues. Louis le Germanique prête serment dans la langue romane et Charles le Chauve dans la langue germanique.
Ainsi sont fondés deux royaumes, chacun sur le critère le plus naturel, celui de la langue.
Jusqu'alors, on consignait les écrits en latin.
Le « Serment » rédigé en langue romane fut le premier texte en langue vernaculaire et la chose était si sacrilège que cet écrit aurait bien disparu s'il n'avait été sauvé par un cousin des princes.
Les termes qu'on relève dans le « Serment » sont en langue d'oïl, la langue d'oc ou occitane étant parlée dans le sud de la France.
C'est ainsi que naquit la langue française.
NOTES
Louis le Débonnaire.
Débonnaire signifie extrêmement bon, clément, paternel.
La débonnaireté, la bonté, la bienveillance, la mansuétude.
Le latin est une langue indo-européenne.
Du latin vulgaire sont issues les langues romanes comme le français, l'italien, l'espagnol, le portugais, le romanche, etc.
Le latin vulgaire (l'adjectif, ici, n'a aucun sens péjoratif) était le latin que parlaient les populations, le latin populaire par opposition au latin écrit, laquelle était la langue savante, la seule autorisée par l'Église à cette époque.
Le latin écrit a eu le mérite de permettre les échanges entre les érudits de toute l'Europe.
Une langue vernaculaire, une langue propre à un pays.
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*Jacqueline de Romilly, Académicienne, ne s'est-elle pas posé la question, ou ne nous l'a-t-elle pas posée dans son livre : "Pourquoi la Grèce ?" Je ne vous saurais trop vous recommander la lecture de ce texte tout à fait passionnant .
Mamiehiou
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