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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 09:42

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Exercice d'application à la fin de l'article

 

Rayer biffer raturer

Rayer

Académie - Effacer, raturer, faire une raie, passer un trait de plume sur ce qui est écrit. Il faut rayer cette clause, ce mot, cette phrase. On a rayé cet article sur son compte. On l'a rayé, on a rayé son nom des contrôles de l'armée, du tableau des avocats, de la liste des électeurs, etc. Fig., Rayez cela de vos papiers se dit pour Faire entendre à quelqu'un qu'il ne doit pas compter sur quelque chose.

Cnrtl - Annuler, exclure

 

Biffer

Académie - Effacer ce qui est écrit, spécialement Annuler en effaçant. On l'emploie fréquemment en termes de Procédure et de Comptabilité. Il fut ordonné par arrêt que ces mots seraient biffés de son écrit. Il a biffé cette clause de son testament. Cet article de compte a été biffé. Il faut biffer un nom, deux chiffres.

 

Raturer

Académie - Effacer ce qui est écrit, en passant dessus des traits de plume. Il rature tout ce qu'il écrit. Absolument, Cet écrivain est si soucieux de la correction qu'il n'a jamais fini de raturer. Le participe passé s'emploie adjectivement. Un manuscrit très raturé, Où il y a beaucoup de ratures.

RATURER, RAYER Littré - Raturer emporte quelque chose de son sens primitif* ; c'est passer sur le mot un trait qui empêche de le lire. Rayer, c'est simplement passer sur le mot une raie, une barre, qui peut le laisser lisible. Dans un acte on raye les mots qu'on veut supprimer, on ne les rature pas.

*Sens primitif. Sens que possède naturellement un mot en raison de la racine à partir de laquelle il est formé. Cnrtl

Académie 1694 - Étymologie de rature : Fin XIIIe siècle rasture « petites parties qu'on a enlevées de la superficie d'un corps en le raclant »

 

Dans le Dictionnaire Godefroy (1901) Moyen français (pages 621-622)

Rature, substantif féminin, action de raser

"A la tonsure des cheveux ou a la rature appartient trois choses, garde de netteté, laidure et nuesce." (Légende Dorée, Maz. 1333)

laidure, laydure, leidure,ledure, leisdure,ladure, laideerure : injure, outrage,insulte, tort, préjudice, ignominie

nuesce, nuece, nueche, nuesse : nudité

Rature de barbe, rasura barbae (Nicot, Thresor, ed. 1606)

AUTRES SYNONYMES : supprimer, effacer, éliminer, barrer...

 

Détester Haïr Abhorrer Abominer

Détester

Littré  - Condamner par paroles de réprobation. Il pleura son crime, il le détesta, [Bourdaloue ib. I, Cendres, 69]

Avoir en horreur. Ne pouvoir endurer, supporter. Je déteste l'hiver. Je déteste les faiseurs de compliments.

 

Haïr

Avoir pour quelqu'un un sentiment qui fait que nous lui voulons du mal.

En parlant des choses, avoir de l'aversion, de la répugnance. Il se dit quelquefois des choses dont on reçoit quelque incommodité. Haïr le froid, le chaud.

Haïr avec la négation s'emploie familièrement dans le sens d'aimer assez, et alors il prend à ou de quand il est suivi d'un infinitif. Je ne hais pas à garder les dindons, [Voltaire Lettre Thibouville, 22 mai 1768]

Litote pour ne pas choquer : Je ne te hais point (Chimène dans Le Cid)

> Le Cid (Acte III Scène IV) de PIERRE CORNEILLE - Va, je ne te hais point.

 

Abhorrer

Littré - Éprouver de l'horreur pour, repousser avec horreur. Abhorrer quelqu'un. Se faire abhorrer de quelqu'un. Il abhorre la cruauté. Abhorrer le nom de roi.

ABHORRER DÉTESTER HAÏR Littré - Les deux premiers mots marquent également des sentiments d'aversion, dont l'un est l'effet du goût naturel ou du penchant du cœur, et l'autre, l'effet de la raison et du jugement. Ou pour mieux dire, suivant l'étymologie, on abhorre tout ce pour quoi on a une horreur, une répulsion ; on déteste tout ce que l'on veut écarter, tenir loin de soi. Dans abhorrer et détester, le sentiment que l'on ressent n'est pas le même : avec le premier on frissonne, avec le second on repousse. C'est pour cela que les auteurs de synonymes ont dit que détester s'applique à ce qu'on ne peut estimer, à ce que l'on condamne, à ce que l'on juge mauvais ; et que abhorrer s'applique à ce qui excite antipathie, répugnance. Cela exposé, on voit quelle nuance sépare ces deux verbes, et comment ils peuvent être pris l'un pour l'autre. Haïr est le terme général, par conséquent il exprime une nuance moins forte. On hait tout ce qu'on déteste et ce qu'on abhorre ; mais dans haïr ne sont pas marquées les distinctions qu'impliquent détester et abhorrer.

 

Abominer

Littré - Avoir en abomination. Ce verbe, très ancien dans la langue, mérite d'être repris ; il se comprend sans peine, et n'a rien qui choque, puisqu'on a abominable et abomination.

Abomination

Aversion, répulsion. Avoir en abomination. Il est en abomination à tout le monde. Dans les sermonnaires, abomination signifie particulièrement le culte des idoles, et même toute fausse religion.

En style de l'Écriture [la Bible], l'abomination de la désolation. "Vous verrez l'abomination de la désolation", [ Bossuet Hist. II, 9, c'est-à-dire les plus grandes profanations.]

AUTRES SYNONYMES : Exécrer, Avoir horreur de, Avoir en horreur, Vomir, Avoir de l'aversion pour...

 

 

Exercice d'application

Compléter chaque phrase avec l'un des mots de l'article.

Ne l'employer qu'une seule fois.

1-Je ne trouve pas le nom de mon petit village. L'aurait-on xxxxx de la carte ?

2-Tu ne peux pas rendre une copie pareille, toute xxxxx. Que va dire ton professeur ?

3-Elle m'a insulté. J'ai rougi de honte. Je la xxxxx.

4-Vous xxxxx les pervers narcissiques, les sadiques, les vicieux, les tortionnaires, les barbares, les bourreaux. Moi aussi.

5-Des hérétiques ont envahi le Saint des saints, xxxxx de la désolation !

> le Saint des saints

6-Je xxxxx le chocolat. Le seul fait d'y penser me donne la nausée.

7-La clause qui dit que je n'aurai droit à rien ne me convient pas. Il faut que je la xxxxx.


 

Les phrases complétées

1-Je ne trouve pas le nom de mon petit village. L'aurait-on rayé de la carte ?

2-Tu ne peux pas rendre une copie pareille, toute raturée. Que va dire ton professeur ?

3-Elle m'a insulté. J'ai rougi de honte. Je la hais.

4-Vous abhorrez les pervers narcissiques, les sadiques, les vicieux, les tortionnaires, les barbares, les bourreaux. Moi aussi.

5-Des hérétiques ont envahi le Saint des Saints, l'abomination de la désolation !

6-Je déteste le chocolat. Le seul fait d'y penser me donne la nausée.

7-La clause qui dit que je n'aurai droit à rien ne me convient pas. Il faut que je la biffe.

 

Récapitulation des articles : "Ne pas confondre... "

  Les dictionnaires 

 

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15 mai 2017 1 15 /05 /mai /2017 17:10

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ADDICTION

 

Jamais au grand jamais, je n'aurais pu imaginer que je puisse en arriver là. Mon tort, c'est d'aimer trop. Il est la source de tous mes désirs, de toutes mes angoisses, de toutes mes obsessions. Je ne peux me défendre de rechercher sans relâche ce pincement au coeur, cette bouffée de chaleur qui me submerge soudain comme un raz-de-marée, cet étourdissement exquis, ces picotements particuliers au bout de mes doigts et d'autres choses encore, tyranniques.

Je n'y peux rien. C'est comme ça. À voir toutes ces femmes affriolantes que je croise chaque jour, je devrais être un homme comblé. Mais voilà, mon surmoi* hyperdéveloppé exige que je contienne résolument les élans difficilement répressibles qui me portent à jouir par tous mes sens exacerbés, là, d'un souffle parfumé qui dilate mes narines enivrées, là encore, d'une voix chaude et envoûtante à la musicalité particulière, plus loin, d'une cuisse galbée que laisse entrevoir la robe légère soulevée par une brise opportune, ou bien du balancement suggestif d'une chute de reins que je regarde, pensif, s'éloigner, et tout près, sans que j'y prenne garde, d'un regard profond où je me plais à plonger sans retenue aucune, jusqu'à m'y noyer, un jour, qui sait. Je pourrais citer mille choses encore qui me font vibrer sans pouvoir m'en défendre. Y penser me met dans un état tel qu'il m'est difficile de continuer à vivre ainsi, à regarder, à sentir, à entendre, sans pouvoir goûter comme il me plairait de le faire, à tant de plaisirs qui s'offrent à moi, à portée de vue... à portée de main... à portée de bouche... Ma raison vacille, mais combien délicieuse est l'idée d'y pouvoir succomber !

L'imagination est puissante, elle ajoute, à la réalité, des pouvoirs sans limites. Je ne puis échapper à la vague déferlante qui m'emporte, et je me condamne chaque fois, à ne pouvoir résister sans souffrir au martyre de mes sens impérieux.

 

À Dieu ne plaise ! Ce siècle me sied à merveille, il m'ouvre tous les possibles. Libéré des contraintes qui ceignaient si fortement les esprits il y a quelques décennies à peine, je me sens fébrile à voir autour de moi ce qui suggère, à qui mieux mieux, les tentations. On s'en donne à coeur joie. On jette allègrement sa gourme ! Et son bonnet par dessus les moulins !

Qu'on écoute la radio, ce ne sont que rires incongrus laissant éclater l'impudeur. Qu'on regarde la télévision, on n'échappe pas au spectacle des étreintes lascives des corps qui, impunément, se livrent, débarrassés de toute censure morale, attitudes qui provoquent au fond de soi l'on ne sait quoi qui taraude. Le sexe est bien là, qui se tapit dans les images et les mots. Il ne faut pas chercher longtemps pour le rencontrer. Il s'offre. Il s'impose même, sans qu'on le veuille, sans même qu'on s'en méfie.

Une permissivité sans limite, voilà ce dont je rêve. Ne s'est-elle pas installée déjà d'une certaine façon, à tel point qu'elle semble avoir toujours existé ? Et moi, homme du commun, je me laisse aller, porté par l'air du temps, fils de soixante-huitards, semblable au plus grand nombre, n'ayant reçu dans mon enfance aucune borne à mes instincts, imitant sans état d'âme ce que je voyais autour de moi, ma famille, les amis que je fréquentais, les modèles qui, dans les médias, s'offraient à moi sans compter.

Non ! Je ne suis pas un monstre libertin ! Je suis un être humain comme les êtres lambda que l'on croise à chaque instant. Je ne suis pas responsable de ce qui me pousse à agir. Pourquoi le serais-je ? Et qu'est-ce que cela veut dire en vérité ? que l'on a peur de se jeter dans l'aventure, que l'on craint d'être montré du doigt si l'on est démasqué ? Mais bien au contraire : on se délecte à l'idée de représenter le mâle jouisseur, celui qui ne craint pas la foudre des bien-pensants, en reste-t-il encore, je vous le demande ? celui qui sait adroitement brûler la vie par les deux bouts, sans l'ombre d'un remords. Le fin du fin, c'est de savoir jouer avec son destin. J'ose. Le monde est à moi ! Pourtant, je suis un homme tout simple, mais un homme qui sait regarder et humer les femmes qui passent. Prêt à fondre sur celle qui me lance un regard. À ce moment précis, je lis dans sa pensée. Je sais. C'est tout. Le champ est libre. J'obtiendrai ce que je veux sans violence aucune. Ai-je jamais voulu faire du mal à quiconque ?

C'est ELLE qui décide en somme. Pour les autres, je les laisse tranquillement passer leur chemin. Je ne suis pas un prédateur. Je suis innocent !

 

J'ai essayé le mariage parce que je ne sais pas dire non. Cela m'a pris, un beau jour, sans trop réfléchir, seulement pour savoir. J'ai cru que ce serait un patch qui me calmerait. J'aurais pu alors réserver mon énergie pour d'autre chose. Mauvais calcul ! Alors, je me suis marié ailleurs. Hélas ! Mes deux épouses d'aujourd'hui ne me comblent pas. La vie est compliquée avec Louisa et Mélanie. Je compose des partitions amoureuses adaptées à chacune d'elles. Si je rêve la nuit, je crains de parler trop, de susurrer un nom... le nom de l'autre.

Je les entraperçois entre deux escales aéronautiques. Je me sens tout accaparé. Elles se sont mises à faire des enfants. L'une deux, l'autre trois. Je leur ai dit que j'étais bâtisseur de barrages. Je m'absente, je reviens, je m'absente, c'est la valse des va-et-vient, le mambo exotique et sensuel, ou la samba si vous voulez, un pas en avant, un pas en arrière. Je ne cesse de danser. Financièrement je fais face. Je me compose une image de Père Noël quand je rentre de voyage. Les cadeaux compensent tout ce que j'aurais dû faire. Pire ! J'ose me plaindre : « Mon amour, il y a si longtemps... » Tour à tour je les enlace, tour à tour je les embrasse. Baise m'encor, rebaise-moi et baise**, me murmure Louisa qui frissonne. Mélanie ne dit rien. Elle me prend. Et je me laisse aller au plaisir sans mot dire. Je les connais par coeur. Pas encore rassies, elles sont si sûres d'être aimées, si sûres d'être comblées. Elles brûlent tour à tour. J'en ai mon compte. Ah ! Je les ai bien choisies ! Vibrantes et pathétiques.

 

Et parfois me voici las de l'une, et aussi las de l'autre. Vos enfants ? me direz-vous Pas le temps de les connaître. Pour n'en avoir aucun regret. Je les laisse à leur mère comme un os à ronger.

 

Quel est soudain ce désir de liberté qui m'étreint et ne me lâche plus ? Je suis plus gaillard que jamais ! Il me faut d'autres aventures, vivre avec un coeur tout neuf, découvrir un amour tout neuf, me laisser surprendre d'autres fois encore. Rechercher la fraîcheur, la nouveauté, l'innovation peut-être, l'inédit sûrement. D'autres odeurs, d'autres douceurs, d'autres grains de peau, d'autres carnations : olivâtre ou rose, noire ou laiteuse. Pourquoi devoir choisir ? Les avoir toutes ! Sans raison garder. Sans coup férir.

 

Je me souviens de ma toute première épousée. Elle était bien belle ma foi, et douce, et patiente avec son diable d'homme. Je ne sais pas rompre. C'est bien là le hic. Je crains les pleurs, les gémissements, les supplications, les harcèlements peut-être... Non, non et non ! Je taille dans le vif. Je disparais. Mon nom vient s'ajouter à la liste nombreuse de ceux que l'on recherche — que l'on recherche sans succès. Je suis devenu un John Doe suivi d'une suite impressionnante d'alias. Je ne les compte plus.

On vient d'établir un fichier national qui rassemble et compare l'ADN des disparus. Quatre-vingt-dix-sept personnes recherchées se retrouvent avec le même ADN. C'est moi ! Ce n'est que moi. Qu'est-ce que je risque si l'on me retrouve ? Voyons un peu... Polygamie ! Je serai accusé de polygamie. Je l'aurai bien mérité, me direz-vous. Et la clémence alors ?

Le pire : ce sont les pensions que j'aurai à payer à mes femmes. Il ne me restera plus un sou. J'ai un bon job. Je vis très à l'aise. Mais mes deux-cent-soixante-quinze enfants vont me ruiner. Il faudrait que je meure pour de bon et qu'on efface à tout jamais l'image de l'ennemi amoureux, gros de près de cent avatars dont les dossiers encombrent les commissariats.

 

Voilà que ce matin, en lisant le journal, je tombe par hasard sur un bel article qui me concerne. À la une ! Excusez du peu ! Interpol est sur les dents. Je me sens un peu traqué tout à coup. J'ai une belle gueule sur la photo. Va falloir que je me la démolisse un peu. Histoire, à l'avenir, de passer inaperçu.

Me tailladerai-je ? Me brûlerai-je au vitriol ? Ou me confierai-je à un chirurgien esthétique qui aura tôt fait de percer mon identité et auquel il me faudra payer, et encore payer des sommes considérables pour acheter son silence ? L'affaire n'est pas simple !

Encore faut-il que je reste consommable par la gent féminine, je ne peux décidément pas m'abîmer le portrait.

 

« Archibald ! Où est passé le journal ? Je ne peux plus y mettre la main dessus ! »

Ah ! C'est Mélanie qui se rappelle à mon bon souvenir. Quelle nuit nous avons passée ! Me faudra-t-il me résoudre à renoncer désormais à tout ce dont cette douce épouse est capable ?

« Que t'intéresses-tu aux nouvelles, ma chérie ? Nous avons mieux à faire ce matin ! »

Et voilà que je la baisouille, que je la chatouille, que je la moumouille et la farfouille et la coucouille et la foutrouille. Sûrement pour la dernière fois.

L'étreinte lasse, je lui fais en pensée mes adieux. Comme elle va me regretter ! Comme elle va me haïr ! Comme elle va fantasmer sur mon souvenir !

 

Je ne verrai pas Louisa. Ce serait trop risqué. Elle a dû faire le rapprochement avec moi quand elle aura vu ma bouille exposée, non plus seulement sur le journal, mais à la télé !

« Fripouille ! aura-t-elle murmuré entre ses dents, fripouille ! »

On y parle beaucoup de moi. Peu à mon avantage. Des femmes font la queue, pour dire leur témoignage. Certaines rient, certaines pleurent, de regret ou de rage, d'autres encore vocifèrent, d'aucunes enfin ! vantent mon savoir-faire. On fait défiler mes enfants. Floutés évidemment ! Je ne les connais pas tous mais je suis bien ému de les voir si nombreux. Je les aime. Et eux ? Comme ils seront fiers de leur père, bientôt, quand ils connaîtront toute l'histoire !

 

Tout seul, dans mon petit pied à terre, mon refuge que nul ne connaît, je médite. J'ai perdu mon job, mes collègues ne doivent pas s'attendre à me voir revenir et j'imagine les quolibets nombreux dont ils doivent m'affubler. Encore heureux que je n'aie pas à les essuyer. Tous des jaloux !

 

Je prends mes grosses lunettes de soleil, un bonnet bien couvrant, mon vieil imperméable à la Colombo et je sors. Je me promène le long de la berge du Rhône, fleuve autrefois fougueux et indocile dont on a calmé le flot impétueux. Et je veux bien souffrir la comparaison avec lui.

Ah ! Le pouvoir des hommes qui veulent mettre bon ordre dans la morale ! Que ne suis-je caméléon pour me fondre dans leur monde, ni vu ni connu ! Que ne suis-je sultan, cerf ou coq pour me donner sans compter, sans qu'on jette sur moi l'opprobre et l'anathème !

 

L'eau grise des montagnes coule à mes pieds, vive et glacée. Une main vigoureuse soudain se pose sur mon épaule.

« Ah ! Ah ! Monsieur le séducteur ! Je vous tiens ! »

L'inconnu ricane. Il brandit une paire de menottes bien faites pour arrêter toute velléité. Je me vois déjà embastillé. Je me vois déjà sevré de coït, sinon d'amour.

 

La vie est une chose bien dégoûtante. Elle offre à votre vue tout ce qui est désirable et vous punit d'avoir désiré.

D'un geste intempestif, je me dégage soudain, je cours, je saute dans l'eau libératrice. Et je coule sans me débattre, moi, le fier étalon qui, à la belle saison, savais si bien pavoiser sur les vagues écumeuses de l'océan et qui me laissais admirer, convoiter, et siffler, et draguer, puis aimer, aimer, et encore aimer...

Texte protégé

 

NOTES

* Le ça, le moi et le surmoi, voir Freud

 

**« Baise m'encor, rebaise-moi et baise.

Donne m'en un de tes plus savoureux... »

Emprunt à Louise Labé, la Belle Cordière - 1524-1566

Retrouvez le poème > Poèmes d'amour – Tome 2 - Florilège proposé par mamiehiou

 

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11 mai 2017 4 11 /05 /mai /2017 09:33

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Tous les QUIZ

Me voilà de nouveau qui poursuis ce que vous croiriez être au premier abord une verbigération*. Vous vous tromperiez lourdement car en aucun cas je ne vous proposerais un blablabla qui ne vous apporterait rien.

Non que je sois maniaque, schizophrène ou démente, loin de là, mais il me faut bien reconnaître que les mots m'obsessionnent*. Et ce n'est pas vous qui vous en plaindrez, chers lecteurs, qui ingurgitez voracement mes articles sitôt publiés.

 

*Verbigération, long discours creux, flux de paroles vides de sens, inutiles et incohérentes.

*Le verbe obsessionner n'est reconnu ni par l'Académie, ni par Littré, ni par le Cnrtl.

Que je l'emploie témoigne de son existence.

 

Et, s'il vous plaît, ne vous débalconnez* pas précipitamment si vous trouvez mes quiz trop ardus. Merci !

*Se débalconner, se suicider, néologisme proposé par LVDV

 

QUIZ 126

Ce quiz doit beaucoup au site du Garde-mots

qui propose des mots à coucher dehors.

 

Complétez les phrases par un des mots suivants :

La solution suit.

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin, chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

1- J'ai croisé ce matin un irascible abruti qui, lorsque je lui ai dit pour qui j'avais voté, m'a donné un/une ...... dont je me souviendrai. On ne peut être plus mal embouché !

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

2-J'aimerais qu'on donne aux jeunes gens comme aux jeunes filles des leçons de ...... pour qu'ils procréent de beaux enfants. Une discipline à instaurer d'urgence à l'école. Mais qui s'en soucie ?

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

3-Je veux devenir adepte du ....... Je te torturerai en t'enduisant de miel et je t'attacherai à un arbre de la forêt pour qu'une multitude d'insectes viennent te sucer, te piquer et te mordre. Ainsi expieras-tu les souffrances que tu m'as infligées, misérable pervers narcissique.

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

4-« Mais pourquoi donc fais-tu la grimace chaque fois que je te serre la main ?

C'est parce que je souffre de ......, ma pauvre Lucette !

Zut alors ! »

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

5-Quand je l'ai revu après toutes ces années, mon sang n'a fait qu'un tour. C'était un vieillard ......, courbé, chenu, sans dents, le teint jaune et la voix chevrotante. Quelle décrépitude !

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

6-On n'a pas retrouvé le corps de ce grand homme perdu en mer. Aussi n'élèvera-t-on pas un mausolée, et pour cause, mais un ...... fera l'affaire.

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

7-Quelle voix ! Quel talent ! Elle jongle avec trilles, arpèges et notes piquées. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi beau. Un/une ...... époustouflant/e !

cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

8-L'or et l'ivoire précieux s'incarnaient dans son corps .......

cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

9-Ah, si tu nous avais vus ! On s'était enivrés de ...... et la soirée mal arrosée s'était terminée en catastrophe : vue double, maux de tête, ballonnements, diarrhée, vomissements incoercibles. On ne m'y reprendra plus !

cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

10-Quel ...... ! Où m'as-tu dégoté un amoureux si gauche? Plus gourd, plus naïf, plus niais que lui, tu meurs !

cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin,

chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

SOLUTION

 

 

 

 

Vous avez choisi parmi les substantifs suivants :

Cyphonisme, colorature, chiralgie, cacochyme, cénotaphe, chryséléphantin, chasse-cousin, chinfreneau, coquebin, callipédie

 

1- J'ai croisé ce matin un irascible abruti qui, lorsque je lui ai dit pour qui j'avais voté, m'a donné un chinfreneau dont je me souviendrai. On ne peut être plus mal embouché !

Chinfreneau - Coup de bâton ou d'épée à la tête ou au visage.

Étymologie : Chanfrein.

Marque blanche que certains chevaux portent sur la partie antérieure de la tête.

 

2-J'aimerais qu'on donne aux jeunes gens comme aux jeunes filles des leçons de callipédie pour qu'ils procréent de beaux enfants. Une discipline à instaurer d'urgence à l'école. Mais qui s'en soucie ?

Callipédie - Ensemble de conseils donnés aux parents pour qu'ils procréent des enfants aussi beaux qu'il leur est possible. Littré

L'art de faire de beaux enfants. callipédie — Wiktionnaire

 

3-Je veux devenir adepte du cyphonisme. Je te torturerai en t'enduisant de miel et je t'attacherai à un arbre de la forêt pour qu'une multitude d'insectes viennent te sucer, te piquer et te mordre. Ainsi expieras-tu les souffrances que tu m'as infligées, misérable pervers narcissique.

Cyphonisme, ancien supplice sus décrit. Du grec kuphon, poteau auquel on attachait la victime.

 

4- « Pourquoi donc fais-tu la grimace chaque fois que je te serre la main ?

C'est parce que je souffre de chiralgie, ma pauvre Lucette!

Zut alors ! »

Chiralgie. Douleur localisée à la main. Du grec algos, algia, douleur.

Le mot grec khei a donné en français de nombreux dérivés commençant par cheiro ou chiro.

> Le Garde-mots

 

5-Quand je l'ai revu après toutes ces années, mon sang n'a fait qu'un tour. C'était un vieillard cacochyme, courbé, chenu, sans dents, le teint jaune et la voix chevrotante. Quelle décrépitude !

Cacochyme - Se dit de quelqu'un, spécialement d'un vieillard, dont la constitution est faible et qui a, de ce fait, une santé fragile. Du grec kakos, mauvais et khumos, humeur, suc.

Chenu - Se dit de quelqu'un qui a les cheveux blancs à cause de la vieillesse.

 

6-On n'a pas retrouvé le corps de ce grand homme perdu en mer. Aussi n'élèvera-t-on pas un mausolée, et pour cause, mais un cénotaphe fera l'affaire.

Cénotaphe - Tombeau vide élevé à la mémoire d'un mort, qui a été enterré ailleurs ou qui n'a pas reçu de sépulture.

Cénotaphe — Wikipédia

Cénotaphe de Montaigne — Wikipédia

 

7-Quelle voix ! Quel talent ! Elle jongle avec trilles, arpèges et notes piquées. Je n'ai jamais rien entendu d'aussi beau. Une colorature époustouflante !

La colorature désigne le chant d'opéra à grandes vocalises. Par extension ce terme s’applique aux voix qui s'y illustrent.

 

8-L'or et l'ivoire précieux s'incarnaient dans son corps chryséléphantin.

La statuaire chryséléphantine était particulièrement prisée dans l’Antiquité. Du grec ancien khrusos, or, et elephantinos, ivoire.

 

9-Ah, si tu nous avais vus ! On s'était enivrés de chasse-cousin et la soirée mal arrosée s'était terminée en catastrophe : vue double, maux de tête, ballonnements, diarrhée, vomissements incoercibles. On ne m'y reprendra plus !

Chasse-cousin, mauvais vin, ou tout ce qui est propre à éloigner les parasites. Littré

 

10-Quel coquebin ! Où m'as-tu dégoté un amoureux si gauche ? Plus gourd, plus naïf, plus niais que lui, tu meurs !

Coquebin substantif et adjectif - Jeune homme innocent, niais, naïf.

 

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29 avril 2017 6 29 /04 /avril /2017 17:41

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Si je verbigère à tout-va, c'est bien pour le plaisir des mots. Mais je ne veux en aucun cas sabouler celui qui ne me suivra pas. J'aurais préféré pourtant qu'il meugle, ou bêlotte, ou coquerique à coeur joie.

 

VERBIGÉRER : bavarder sans retenue, de manière incohérente.

SABOULER : tancer vertement, houspiller.

Ce verbe, d'usage classique, est un croisement de saboter, secouer, d'une part, et de bouler (éconduire, envoyer paître), d'autre part.

Voltaire reprend brillamment ce verbe pour son propre compte : "Voilà trois parlements du Royaume que j'ai un peu saboulés". (cit. Lexis).

Voir le site > index des Verbes de LVDV  La Vie Des Verbes

 

QUIZ 125

La correction suit.

Ce quiz doit beaucoup au site du Garde-mots qui propose des mots à coucher dehors.

 

Complétez les phrases par un des mots suivants :

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne, bernique,

bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

1-Ton regard est un feu ardent et je me complais dans la contemplation de son/sa ...... .

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

2-Le/la ...... est un mot porte-manteau comme disent les Anglais, mot-valise comme nous le disons nous-mêmes, si bien imagé. Bon, j'accumoncelle ici les devinettes littéraires. Le paralloïde n'est pas mal non plus !

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

3-On disait ...... ! Maintenant on préfère dire balpeau (peau de balle), des clous, des nèfles, des prunes, des queues de cerise, de la roupie de sansonnet, macache, macache bono, nada, nib, oualou, peau de balle et balai de crin, peau de zébi, que dalle, que tchi, tintin, zéro.

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

4-Une écriture antique bien dure à décrypter, le ......

Nous n'utilisons plus depuis belle lurette cette écriture des orientaux

.pmahc nu snad sécart snollis sed tnemevoum el tnetimi iuq scerG sed te

Une ligne se lit de gauche à droite, la suivante de droite à gauche, et

.nodéhportsuob ne erutircé enU. Tenmevitanretla etius ed isnia

 

 bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

5-Le ......, c'est ainsi qu'on appelait le loup-garou en Bretagne. Si jamais vous croyez vous changer en loup, sachez que vous êtes atteint de lycanthropie et qu'il serait bon que vous mettiez fin à vos délires de taré, afin de ne plus jouer au lycanthrope et de ne pas effrayer votre entourage. Et cessez de vous balader en hurlant les nuits de pleine lune ! Brrr !

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

6-Panne d'électricité ? Tenez le/la ...... sans craindre que la chandelle ne vous coule sur les doigts.

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

7-Si tu n'avais pas négligé de t'instruire, stupide ...... que tu es, tu connaîtrais déjà les solutions aux énigmes que je te pose.

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

8-Il m'a traité de vieux/vieille ...... . J'ai pris un coup de massue. Cela ne m'a pas remonté le moral.

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

9-Un/une ...... est une pierre dressée, tombée du ciel (aérolithe, météorite), considérée comme le siège d'une présence divine, vénérée comme une idole dans le monde arabe et sémitique.

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

10-George Sand a écrit dans La petite Fadette : "comme ils étaient si pareils, on reconnut bien vite que c'étaient deux ......, c'est-à-dire deux jumeaux d'une parfaite ressemblance."

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne,

bernique, bisclaveret, brasillement, boustrophédon, béotien.

 

Phrases complétées

 

 

bétyle, bobèche, besson, bloconyme, baderne, bernique, bisclaveret,

brasillement, boustrophédon, béotien.

 

1- Ton regard est un feu ardent et je me complais dans la contemplation de son brasillement.

Brasillement, scintillement comparable à celui de la braise ardente

 

2- Le bloconyme est un mot porte-manteau comme disent les Anglais, mot-valise comme nous disons, si bien imagé nous-mêmes. Bon, j'accumoncelle ici les devinettes littéraires. Le paralloïdre n'est pas mal non plus !

Paralloïdre — Wikipédia

 

3-On disait "Bernique !" Maintenant on préfère dire balpeau (peau de balle), des clous, des nèfles, des prunes, des queues de cerise, de la roupie de sansonnet, macache, macache bono, nada, nib, oualou, peau de balle et balai de crin, peau de zébi, que dalle, que tchi, tintin, zéro. Le Garde-mots

 

4-Une écriture antique, le Boustrophédon

Nous n'utilisons plus depuis belle lurette cette écriture des orientaux

.pmahc nu snad sécart snollis sed tnemevoum el tnetimi iuq scerG sed te

Une ligne se lit de gauche à droite, la suivante de droite à gauche, et

.nodéhportsuob ne erutircé enU. Tenmevitanretla etius ed isnia

 

5-Un bisclaveret est un loup-garou. C'est ainsi qu'on l'appelait en Bretagne. Si jamais vous croyez vous changer en loup, sachez que vous êtes atteint de lycanthropie et qu'il serait bon que vous mettiez fin à vos délires de taré, afin de ne plus jouer au lycanthrope et de ne pas effrayer votre entourage. Et cessez de vous balader en hurlant les nuits de pleine lune ! Brrr !

 

6-Panne d'électricité ? Tenez la bobèche sans craindre que la chandelle ne vous coule sur les doigts.

 

7-Si tu n'avais pas négligé de t'instruire, stupide béotien que tu es, tu connaîtrais déjà les solutions aux énigmes que je te pose.

Les Béotiens passaient pour illettrés parmi les Grecs. La Béotie est une région centrale de la Grèce.

 

8-Il m'a traité de vieille baderne. J'ai pris un coup de massue. Cela ne m'a pas remonté le moral.

Une baderne - Littré : Terme de marine. Tresse plus ou moins large, faite de fils de caret et employée à recouvrir les mâts, les vergues, les câbles, dans les parties que des frottements pourraient détériorer. Grosse tresse en vieilles cordes pour empêcher des bestiaux de glisser par l'effet du roulis.

Sens figuré : Toute chose ou tout individu hors d'état de servir.

 

8-Un bétyle est une pierre dressée, tombée du ciel (aérolithe, météorite), considérée comme le siège d'une présence divine, vénérée comme une idole dans le monde arabe et sémitique.

Étymologie- de l’hébreu beth el, maison de Dieu.

Bétyle — Wikipédia

 

9- George Sand a écrit dans La petite Fadette : "comme ils étaient si pareils, on reconnut bien vite que c'étaient deux bessons, c'est-à-dire deux jumeaux d'une parfaite ressemblance."

Besson : Terme ancien, inusité aujourd'hui, qui signifie jumeau.

En argot : les bessons, les deux seins. Du latin populaire bissus, lui-même de bis, deux fois.

 

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16 avril 2017 7 16 /04 /avril /2017 09:21

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L'heure du bilan avait sonné. Désastreux est un terme trop doux pour le qualifier ; cataclysmal serait plus près de la réalité.

On avait vu gesticuler toutes sortes de fous : des barjots, des cinglés, des branquignols, des timbrés, des farfelus, des détraqués, des dingues, des braques, des énergumènes excentriques, des toufous, des mabouls, des brindezingues, et même des fadas, des toc-toc, des hystériques, au pire des forcenés, des névrosés et des paraphréniques.

Je merdoierais immanquablement si je voulais décrire par le menu les exactions dont j'avais été témoin.

 

Il en avait plu des coups, des coups bas et des coups fourrés, des coups d'épée dans l'eau, des coups de boutoir, des coups de l'étrier, des coups de bambou, des coups de tête et des coups de poings, des coups d'essai et des coups de maître, des petits coups et même des grands coups, des coups de Trafalgar, des coups du Père François, des coups de coude et des coups de bec, des coups de talons et des coups de triques, des coups de poignards et des coups de pieds au cul qui n'avaient pas toujours atteint leur but. Les coups de foudre n'eurent pas leur place.

On dut reconnaître après coup que tout avait été inutile et vain.

On ne savait plus contre qui l'on s'était battu. On ne savait plus pourquoi l'on s'était battu.

On en était là.

Les Utopinambourgeois étaient décimés et ceux qui restaient, ébahis, ahuris, sidérés, médusés même, revenaient du cauchemar où ils avaient sombré. Ils comprirent qu'ils s'étaient fait amoustarder. Ils n'étaient pas fiers de s'être laissé emporter par les acrimonieuses paroles de leaders avides de semer partout la zizanie.

On avait été subjugué par l'habileté avec laquelle ces tribuns maniaient leur arme : la langue. Leurs belles paroles, enrobées de fiel, avaient engendré le pire.

La langue s'appelle langue parce qu'elle lèche. Elle lèche en flattant, elle mord en médisant, elle tue en mentant. Elle lie et ne peut être liée : elle est glissante et on ne peut la tenir : mais elle s'échappe et elle est trompée. Elle glisse comme l'anguille, elle pique comme une flèche... elle est douce et rusée, large et prête à épuiser le bien et à mélanger le mal. "Qui garde sa langue garde son âme : parce que la mort et la vie sont au pouvoir de la langue"*

 

Le calme revenu, on pansait ses plaies, on enterrait ses morts. Ce quoi faisant, on songeait déjà à se reconstruire.

 

Il avait été trop facile de se laisser berner. Et aujourd'hui encore nous nous laissons fasciner par l'éloquence de ceux qui disent nous vouloir du bien. Est-il à la portée de tous de rester vigilants ? Sommes-nous toujours capables de lucidité quand nous nous laissons emporter par les belles promesses de ceux qui n'ont qu'un seul but, inavouable du reste : le pouvoir ?

La manipulation mentale a encore de beaux jours devant elle.

.....................................................................................

*La langue s'appelle langue [...] "Qui garde sa langue garde son âme : parce que la mort et la vie sont au pouvoir de la langue" (Prov. XVIII, 21) Saint Bernard, TRAITÉ DE LA MAISON INTÉRIEURE, Chap. XXVII Des défauts et des abus de la langue

 

NOTES

Les Utopinambourgeois étaient décimés

décimer, faire périr en grand nombre.

(Vieilli) mettre à mort une personne sur dix.

 

les acrimonieuses paroles de leaders avides de semer partout la zizanie.

les paroles aigres, acerbes

 

Je merdoierais immanquablement si je voulais décrire par le menu les forfaits, les exactions dont j'avais été le témoin.

Merdoyer (populaire) s'embrouiller

Je m'embrouillerais inévitablement si je voulais décrire en détails les forfaits, les exactions

les exactions, les actes de violence

 

ceux qui restaient, ébahis, ahuris, sidérés, médusés même, revenaient du cauchemar

Médusé : le mot vient du nom Méduse, l'une des trois Gorgones dans la mythologie grecque. Les deux autres étant ses soeurs Euryale et Sthéno. Vous regardez ses yeux et elle vous pétrifie. (elle vous change en pierre). Sa chevelure est entrelacée de serpents.

 

Ils comprirent qu'ils s'étaient fait amoustarder.

Amoustarder (argot ancien) tromper, duper.

FAIT suivi d'un infinitif est invariable

L'accord problématique des participes passés FAIT et LAISSÉ - Ils se sont fait ou faits / Elle s'est fait ou faite / Ils se sont laissé ou laissés

 

l'habileté avec laquelle ces tribuns maniaient leur arme : la langue.

Un tribun, un orateur habile qui sait s'adresser à la foule.

Sens figuré : factieux qui cherche à soulever la foule en faisant semblant de défendre ses intérêts.

 

Leurs belles paroles, enrobées de fiel, avaient engendré le pire.

Fiel, synonyme de bile

Sens figuré : haine, animosité, humeur caustique - Littré

 

Ce quoi faisant, on songeait déjà à se reconstruire.

En faisant cela

 

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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 17:52

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QUIZ 124

 

Trouvez le mot juste qui commence par A.

 

Je vous ai concocté quelques phrases de mon cru dans lesquelles j'ai laissé un blanc qui va vous donner à réfléchir. Cherchez à le combler en usant de votre sagacité et de la finesse d'esprit dont vous êtes capables. Bon courage !

Choisissez parmi les substantifs suivants pour compléter les phrases.

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

 

1- Mon pauvre Léon, non seulement tu n'arrives pas à te décider mais tu te refuses à agir. Il faudrait soigner ton ..... .

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

2- « Chère madame, je dirais que votre fils est un élève appliqué, scrupuleux, exact, précis, rigoureux.

Quelle horreur ! Souffrirait-il d'..... ? »

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

3- « Ne pourrais-tu pas pour une fois m'aider au ménage ? Es-tu frappé d'..... , de paralysie ou d'apathie chronique ?

Ne cherche pas, ma chérie, c'est la paresse, simplement la paresse.»

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

4- « Je prendrai aujourd'hui ma robe rouge. Oh non, peut-être ma verte, si je la trouve !

Qu'importe ! Ma pauvre Aglaé ton ..... t'empêche de voir la différence. »

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

5- Fais jouer ton sens du graphisme et de la symétrie, que je m'amuse à la double lecture de tes ..... .

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

 

Choisissez parmi les adjectifs suivants pour compléter les phrases.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

 

6- Quand je plonge éperdument dans ton regard ..... , ce sont tous les trésors du monde que j'y découvre.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

7-Tu es bien bourré, mon ami. Moi qui croyais que tu étais ..... .L'ennui incarné.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

8- Franchement ma pauvre Lucette, ton nouveau petit ami est véritablement ..... , sans odeur, sans saveur, sans piquant.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

9- Sache, mon amour que je veux te donner une liqueur ..... qui te guérira de tous tes tourments.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

10-Le schéma ..... d'une œuvre littéraire étudie les rapports qui existent entre le sujet, l’objet, l'opposant, l'adjuvant, le destinateur, le destinataire.

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

 

 

SOLUTION

 

 

Vous avez choisi parmi les substantifs suivants :

Acheiropodie Achromatopsie Ambigramme Acribie Aboulie

Cliquez sur les mots en bleu.

1- Mon pauvre Léon, non seulement tu n'arrives pas à te décider mais tu te refuses à agir. Il faudrait soigner ton aboulie.

Aboulie > Trouble mental se caractérisant par une diminution ou la privation de la volonté.

 

2-« Chère madame, je dirais que votre fils est un élève appliqué, scrupuleux, exact, précis, rigoureux.

Quelle horreur ! Souffrirait-il d'acribie ? »

Acribie > Qualité de celui qui travaille avec le soin le plus scrupuleux, avec une grande précision

 

3-« Ne pourrais-tu pas pour une fois m'aider au ménage? Es-tu frappé d'acheiropodie, de paralysie ou d'apathie chronique ?

Ne cherche pas, ma chérie, c'est la paresse, simplement la paresse.»

Acheiropodie > syndrome très rare caractérisé par une amputation congénitale des pieds et des mains.

 

4-« Je prendrai aujourd'hui ma robe rouge. Oh non, peut-être ma verte !

Qu'importe ! Ma pauvre Aglaé ton achromatopsie t'empêche de voir la différence. »

Achromatopsie > pathologie du système visuel qui se manifeste par une absence totale de vision des couleurs.

 

5-Fais jouer ton sens du graphisme et de la symétrie, que je m'amuse à la lecture de tes ambigrammes. 

Ambigramme > figure graphique d'un mot (ou d'un groupe de mots) dont la représentation suscite une double lecture

 

Vous avez choisi parmi les adjectifs suivants :

Abstème Actanciel Adamantin Alexipharmaque Acratopège

6-Quand je plonge éperdument dans ton regard adamantin, ce sont tous les trésors du monde que j'y découvre.

Adamantin > caractérise le diamant (qui a l'éclat, la pureté du diamant)

 

7-Tu es bien bourré, mon ami. Moi qui croyais que tu étais abstème. L'ennui incarné.

Abstème > Qui ne consomme pas d'alcool (adjectif et nom)

 

8- Franchement ma pauvre Lucette, ton nouveau petit ami est véritablement acratopège, sans odeur, sans saveur, sans piquant. L'ennui incarné!

Acratopège > qui n'a aucun intérêt particulier.

 

9- Sache, mon amour que je veux te donner une liqueur alexipharmaque qui te guérira de tous tes tourments.

Alexipharmaque > Se dit des remèdes qui expulsent du corps les principes morbifiques, ou qui préviennent l'effet des poisons pris à l'intérieur. (adjectif et nom)

 

10-Actanciel > Le schéma actantiel d'une œuvre littéraire étudie les rapports qui existent entre le sujet, l’objet, l'opposant, l'adjuvant, le destinateur, le destinataire. Schéma crée par A. J. Greimas en 1966.

 

Ce quiz doit beaucoup au site du Garde-mots

qui propose des mots à coucher dehors.

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Published by mamiehiou.over-blog.com - dans Le français dans tous ses états
7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 08:20

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LE REGARD DES AUTRES

 

Dans un pays du nord, fort éloigné du nôtre, vivait un jour un jeune garçon, si petit, si contrefait, qu'on avait peine à reconnaître qu'il appartenait à la famille des humains. Comme si le sort avait pris plaisir à s'acharner sur lui davantage, il avait perdu son père et sa mère, sitôt sorti de l'enfance. Tous les deux avaient succombé à des maladies inconnues, et le pauvre orphelin entendait douloureusement autour de lui, les murmures d'une suspicion malveillante.

 

Ainsi était-il resté seul, abandonné de tous, à vivre dans la petite cabane que son père avait construite au plus profond du bois. C'était tant bien que mal qu'il avait survécu, grâce à son côté débrouillard et inventif, comme l'avaient fait les chasseurs-cueilleurs et les pêcheurs à l'origine de l'humanité.

 

August, c'était là son nom, nom qui collait, à la vérité, bien mal à sa figure, August donc, s'était fait une vie bien réglée.

 

Il se postait chaque matin sous le porche de l'église du village et ne tendait pas la main. Si les regards sensibles s'étaient posés sur sa mine disgracieuse à faire peur, on n'aurait pas hésité à le bastonner illico pour le faire déguerpir car on aurait craint qu'il ne fît avorter les femmes grosses et tourner le lait dans les mamelles des allaitantes. Alors il se cachait soigneusement le visage des deux mains, sa capuche trouée de part en part ne l'eût pas assez protégé.

Assis en tailleur sur le sol le plus souvent glacé, il déposait devant lui un vieux nid d'hirondelle où venaient parfois s'entrechoquer quelques rares pièces jaunes que les paroissiens les moins insensibles lui concédaient dans l'espoir de gagner la reconnaissance du ciel. À le voir si mal loti, certains étaient convaincus qu'il portait les stigmates de crimes ancestraux, comme le leur avait appris la Bible en ses textes anciens, les fautes des parents retombant fatalement sur leurs enfants.

 

On sait bien aujourd'hui que cela n'est pas vrai, mais le pasteur n'était pas homme à jouer l'exégète. De sa voix tonitruante sous les voûtes romanes, il hypnotisait les consciences, et ses brebis, qu'elles fussent fidèles ou égarées, croyaient dur comme glace, qu'Adam était leur père et Ève leur mère. Quant à cette dernière, ils auraient préféré ne pas en être aussi sûrs quand ils en connaissaient la fâcheuse crédulité.

Ainsi, dès matines, August se tenait-il devant la vieille église. L'obscurité était presque totale, puisque, comme on le sait, le soleil ne se lève pas avant le jour. Seules quelques lanternes tremblotantes jetaient comme à regret leurs lueurs craintives sur le pauvre hère. À cette heure-là, il ne récoltait rien, car les mains qui passaient à la hauteur de sa tête étaient dévotement mais bien douillettement recroquevillées dans leurs moufles.

 

Il n'était rien. Il n'existait pas. Il se serait changé brusquement en statue de granit pour devenir le compagnon anachronique des apôtres alignés depuis des siècles sur l'archivolte du tympan évangélique, personne ne s'en fût aperçu. On l'eût pris pour un monstre grimaçant, une gargouille égarée comme on savait si bien les imaginer en un temps où l'enfer était pavé de braises.

Il restait là, heureux, patient, serein, dans l'attente qu'il se passât, pour lui seul, chaque jour, un événement miraculeux.

Lorsque l'office se terminait, il regardait entre ses doigts, sortir un à un, comme des fantômes vêtus de noir, les hommes et les femmes dont le coeur était tout vibrant de cantiques. Le sermon portait parfois sur la charité. C'étaient ces jours-là que quelques piécettes tombaient dru.

Lorsque l'église s'était vidée corps et âmes, August y pénétrait, frissonnant de froid et de joie imminente. Il s'assoyait sur la stalle sculptée, patinée depuis des lustres par de pieuses fesses et interdite au commun des mortels, il ôtait sa capuche devenue inutile, et se mettait à regarder fixement la madone, noble et accueillante, debout sur l'encorbellement. C'était la chose la plus belle qu'il lui fût donné de voir. Avec sa longue robe blanche, la ceinture bleu ciel qui marquait sa taille, la couronne d'étoiles qui flamboyait à la lueur des cierges, la statue de Marie resplendissait. Le visage, empreint de douceur et d'exquise aménité gratifiait August d'un sourire virginal.

Le coeur d'August était comblé.

Il se passait des heures avant que le contemplateur à l'âme sensible, touché par le silence et la sainteté du lieu, se mit à voir s'animer la madone impassible.

Que ce fût la rémanence rétinienne qui veut que, quand on regarde longtemps un point, un halo lumineux et coloré se crée autour de lui, dû à l'infinitésimal et involontaire mouvement de la pupille, ou bien qui sait, un effet de ses neurones miroirs, August voyait clairement une jeune femme devant lui, attentive à sa présence et qui ne détournait pas le regard comme les autres femmes avaient coutume de le faire. Une aura arc-en-ciel vibrait autour d'elle, comme si l'Arche d'Alliance1 l'eût sanctifiée.

 

Chaque jour, August restait là, absorbé, fasciné, captivé, ébloui, jusqu'à ce que la voix tonnante du pasteur, partie du fond de l'abside, ne retentît pour lui reprocher mille maux.

August se levait, tremblant, pris sur le fait comme un mauvais larron. Il s'enfuyait à toutes jambes pour rejoindre dans son bois la tranquillité retrouvée où seules les biches, ses compagnes, venaient à sa rencontre et broutaient délicatement dans ses mains les rares brins d'herbe cueillis sous la neige.

 

August n'était ni stupide ni superstitieux. Il savait bien que ce n'était pas la vraie Vierge Marie qui lui souriait : il était assez lucide pour reconnaître qu'il n'avait rien d'un saint et que l'Immaculée Conception, comme elle se nomme elle-même, n'avait pas le dessein de lui apparaître. Mais il lui était doux de s'en laisser accroire, et il renouvelait chaque jour ce plaisir, assis sur le siège vénérable, pour s'imaginer qu'il appartenait à une essence supérieure digne d'une cour sacerdotale.

 

On pourrait s'étonner de voir que dans ce bout du monde, le luthéranisme n'avait pas pu accomplir son oeuvre intégrale de destruction de la foi papiste. On était encore sensible au pouvoir d'intercession des saints et l'on aimait à les célébrer sans en être inquiété par une hiérarchie autoritaire mais beaucoup trop éloignée pour qu'elle se souciât du salut de ces âmes perdues au diable vauvert. C'est pourquoi l'on entendait souvent raconter en chaire l'épopée malheureuse de la croisade de Saint Erik, et là encore se transmettaient de génération en génération Les Révélations de Sainte Brigitte qui remit le roi Magnus dans le droit chemin.

 

Ah ! Comme on était loin des crises de conscience qui sévissaient dans le pays ! Et des querelles théologiques qui donnaient lieu à des discussions sans fin ! Dans la petite île perdue d'August, on n'avait jamais entendu parler ni de piétisme, ni de jésuitisme, ni de rationalisme, ni de libre pensée.

 

Mais comment n'être pas surpris de la présence de la belle madone, gracieuse et transcendante, tout nouvellement arrivée dans ce lieu iconoclaste ? Il faudrait raconter l'odyssée de ce pauvre pêcheur d'Islande2 perdu en haute mer, menacé de naufrage, que les vagues avaient emporté vers ce bout de terre inconnue. Il avait été sauvé de justesse grâce à ses prières mariales, et il avait laissé sur le rivage, havre salvateur, la madone qui venait tout droit de France, comme cadeau à cette île qui ne figurait même pas sur ses cartes marines, vieux portulans à mettre à jour.

Les villageois avaient trouvé la statue, sans savoir comment elle avait échoué là, don du ciel assurément, et elle fut transportée en grande pompe dans la maison de Dieu, où depuis elle ne cessait d'émouvoir les coeurs.

Surtout celui d'August.

 

Il faut dire que le village offrait bien peu de distractions. Trois ou quatre fois l'an, venait du continent un cinématographe ambulant qui proposait des films projetés sur une grande toile blanche tendue entre deux troncs dénudés. Tous, ravis de ce divertissement, donnaient leur écot. Grâce à sa petite taille, August parvenait à se faufiler et à se faire passer pour un enfant. C'était gratis pour lui. Quelques malotrus avaient parfois bien envie de le dénoncer, mais on les poussait du coude en leur intimant de n'en rien faire. Tous n'étaient donc pas aussi mauvais. On subodore même que certains avaient pitié de lui, mais, de nature moutonnière, ils s'en cachaient bien. C'étaient les films du cinématographe qui avaient donné à August l'idée qu'autre chose existait au-delà de la mer, que son pays ne se bornait pas aux plages de cailloux blessants et aux falaises crayeuses qui devenaient violettes au soleil couchant, bords de mer qu'il avait parcourus maintes fois et qu'il aimait, particulièrement lorsque les vagues déchaînées crachaient leur écume mousseuse et venaient s'écraser en grands flocs. C'était un jeu excitant que de marcher trop près du rivage au risque qu'une lame scélérate l'arrachât de ses griffes monstrueuses.

La conviction qu'il avait, qu'un monde existait tout autour de son île, s'était renforcée le jour où il avait dérobé dans le presbytère Le merveilleux voyage de Nils Holgerson3 qu'il avait lu et relu avidement. Il aurait bien voulu, comme Nils, chevaucher l'oie vagabonde, et puis franchir les mers pour ne plus revenir.

 

Partir... Partir...

 

August restait des heures et des jours plongé dans ses rêveries. Bientôt, il se mit à regretter le temps où la contemplation de la madone remplissait son coeur et suffisait à son imagination.

Il sentait monter en lui le sang viking, fort et intrépide, qui avait permis à ses aïeux de se rendre maîtres de l'océan hostile et de parvenir aux confins du monde.

Il fuirait pour de bon les visages malveillants qu'il avait peur de croiser dans son propre village. Il rencontrerait là-bas des gens qui ne se sauveraient pas à son approche, des gens qui lui ressembleraient. Il s'imaginait les saluant sans se voiler la face ; il pourrait même leur adresser la parole ; peut-être, qui sait, pourrait-il les appeler par leur nom ; mieux encore, il aurait l'audace de leur serrer la main. Il ne verrait plus la lueur de dégoût et de haine dans les regards qui se poseraient sur lui. Il n'entendrait plus les ricanements et les sobriquets dont on l'affublait et qui lui brisaient le coeur.

Plus les mois passaient, plus il sentait grossir en lui l'impatience.

Pour la distraire, il lui arrivait de vouloir s'approcher de ses semblables (bien dissemblables à dire vrai). Qu'il sût depuis longtemps que tout commerce avec eux était impossible, cela ne faisait aucun doute, mais les épier sans qu'ils pussent s'en apercevoir, voilà l'idée qui se mit à germer dans son âme solitaire.

 

Chaque soir, à l'heure du crépuscule, il prit l'habitude de se mettre en route en direction du village.

Il se faufilait à travers les ruelles en prenant garde de ne rencontrer âme qui vive. Il se postait près des fenêtres faiblement éclairées lorsque les longues soirées d'hiver réunissaient plusieurs familles et que le conteur, inspiré par les vieilles légendes, évoquait le dieu Thor si effrayant dans son char tiré par ses deux boucs, dévalant les nuages transpercés d'éclairs en faisant un vacarme abominable. Comme il était menaçant, ce dieu gigantesque quand il brandissait sans pitié Mjölinir, son horrible marteau, pour combattre les Géants !

Les enfants écoutaient, terrifiés, et ponctuaient de soupirs et de cris les exploits de celui qu'ils connaissaient bien, pour l'avoir entendu, en tremblant, les jours d'orage.

Le conteur les emmenaient parfois vers Thulé4, l'Ultima, la fabuleuse contrée qui s'étendait aux confins du septentrion ; il évoquait la triste histoire de son roi qui reçut une coupe ciselée d'or à la mort de sa bien-aimée ; lorsqu'il sentit sa fin proche, ce roi fidèle lança dans les flots le vase vénéré afin que personne ne pût le recevoir en héritage.

L'émotion était palpable dans l'auditoire qui avait pourtant mille fois entendu l'histoire tragique. Les adultes mêmes essuyaient furtivement les larmes qu'ils ne pouvaient retenir.

On se passionnait encore à l'écoute des sagas islandaises qui se transmettaient de bouche en bouche, depuis la nuit des temps. S'y mêlaient avec bonheur la vie des grands rois scandinaves, et l'épopée des héros celtes et germaniques. On rêvait de Snorri le Godi, de Njáll le Brûlé, de Sigurd, le Siegfried de la mythologie allemande, et des Chevaliers de la Table Ronde (qui n'ont pas fini de faire florès ! )

Toutes ces merveilles excitaient l'imagination d'August. Il ne se contentait plus de sa propre vie, le quotidien même de ses congénères lui devint insupportable. Que connaissait-il du bonheur des autres ?

 

Certains soirs, il regardait une famille se retrouver à la fin de la journée autour de la table de chêne. La mère y déposait la lourde marmite fumante où la soupe de châtaigne bouillait encore, et elle servait lentement, louchée après louchée, son homme et ses enfants. Leurs bavardages cessaient quand les grosses cuillères se mettaient en branle. August se croyait avec eux, humant et savourant de concert la soupe avalée à grandes lampées, après que chacun eut soufflé sur son assiette pour la refroidir. Puis, les enfants couchés dans l'alcôve entrebâillée, le père et la mère regagnaient leur lit dans l'encoignure sombre. Les flammes du foyer, moribondes, jetaient d'avares lueurs sur les époux qui se retrouvaient. Mais il n'y avait nulle joie dans leurs étreintes lasses.

August, déçu, s'en allait dans sa forêt profonde sans l'espoir d'une vie meilleure. Nulle jalousie ne le tourmentait. Il voulait autre chose qu'il ignorait encore.

 

Nostalgie du Paradis Perdu qui envahit les êtres sensibles jusqu'à ce que les poings se serrent, que le sang bouillonne, que la poitrine éclate, trop pleine de colère, de désir et d'impuissance !

 

August restait prostré des heures et ses larmes lui brûlaient le visage dans la nuit glacée.

Peu à peu, la nature lui procurait une sérénité bénéfique et parvenait presque à calmer ses ardeurs douloureuses. C'était tantôt le bruissement des arbres agités par le vent, tantôt le craquement des branches sèches sous les pas des animaux sauvages, tantôt les hululements et les chuintements qui s'appelaient en brisant l'air pétrifié, et là-bas, tout là-bas, le chant rythmé de la vague sempiternelle.

Las et vaincu, August sombrait enfin dans un sommeil profond et sans rêves.

 

Un dimanche, alors que l'hiver touchait à sa fin, August s'approcha du lac où la fête battait son plein. Ce n'était pas encore le printemps, mais des signes prometteurs ne laissaient aucun doute. Le givre faisait toujours scintiller ses cristaux sur les rameaux où bientôt se gonfleraient de vie les bourgeons naissants. Le perce-neige, trop fier d'être le premier à enchanter les coeurs, effleurait çà et là les regards pleins d'attente. Mais les journées étaient encore bien courtes et il fallait profiter de leurs quelques heures lumineuses pour emmagasiner toute la joie du monde.

Les jeunes filles aux robes plus courtes que celles de leurs mères et souvent colorées, virevoltaient sur la glace qui crissait sous leurs danses légères. Leurs jeunes partenaires, tout émoustillés par la sève nouvelle qu'ils sentaient obscurément monter en eux, faisaient des rondes étourdissantes en criant les noms des demoiselles. C'étaient des rires et des chants à n'en plus finir.

Ce spectacle joyeux amusa fort August qui soudain crut avoir des ailes et il s'élança sur la piste glacée. Il y fut accueilli par des cris stridents, comme si le diable en personne fût apparu. Et toutes les jeunes filles et tous les jeunes gens se dispersèrent sans crier gare. August, comme frappé par la foudre, resta seul au milieu du lac. De grosses larmes se mirent à couler le long de ses joues creuses et se glacèrent, distordant les chairs. Il serait resté là, longtemps, à geler sur place, si un sentiment de haine féroce ne l'avait ébranlé, et son corps se mit à trembler de rage, de dépit et de froid. Sa tête en feu lui faisait mal. Jamais encore il n'avait éprouvé cette émotion si vive qui le débordait.

Il ne sut plus qui il était.

 

Jusqu'à ce jour, il avait supporté la bêtise, l'avarice, l'indifférence, l'hypocrisie. Il s'y était habitué. Il s'en était même accommodé. C'était le triste décor que lui offrait le monde des gens d'âge mur et celui des vieillards. Mais toute cette jeunesse à laquelle il aurait pu appartenir, avec laquelle il aurait pu rire et chanter, pourquoi le rejetait-elle ainsi ? Ne savaient-ils pas tous qu'il était un jeune homme ? Un jeune homme comme eux malgré les apparences ? Étaient-ils tous des crétins, des gens bornés, des sans-coeur et sans âme pour le rejeter ainsi, sans qu'il pût dire un seul mot pour se défendre ?

Il eut le sentiment de ne pas appartenir à leur race.

Il était celui qui est différent, celui dont on éprouve une peur viscérale, comme venue du fond des âges, celui qu'on n'a jamais voulu ni regarder, ni écouter, ni comprendre.

On ne lui avait donné aucune chance.

C'est alors qu'August décida que les choses n'en resteraient pas là. Il attendit son heure.

 

Le dimanche suivant, August se cacha soigneusement derrière un buisson gros de neige durcie, sur la berge du lac. Il vit arriver un à un les couples qui s'étaient formés depuis peu, enlacés à la taille. Ils se souriaient et plaisantaient.

« Ils ont l'air heureux, se dit August. »

Le spectacle était bien joli à voir. C'était à qui faisait sur la glace les figures les plus folles.

August admirait sans broncher. C'est tout juste s'il n'avait pas oublié sa colère. Cependant, l'apaisement qu'il ressentait n'était pas totalement innocent.

Il entendit soudain près de lui des petits pas qui craquaient sur la neige. Une jeune fille, rose à souhait, lui sourit sous son chapeau de fourrure fauve quand il se retourna. Se pouvait-il qu'elle ne s'enfuît pas comme il s'y attendait ? Elle s'accroupit, comme lui, tout près de lui.

« C'est un joli point de vue ! On y embrasse tout le lac du regard », dit-elle pour rompre la glace.

Ce n'était pas le lac qu'August aurait bien voulu embrasser. Mais il n'était pas fou. Il n'avait jamais parlé à aucune jeune fille, ni vu l'une d'entre elles d'aussi près. Il resta coi, de peur que sa voix rauque et mal assurée la fît s'enfuir pour le coup, d'autant plus qu'il n'aurait rien trouvé à lui dire. Il savoura la douceur de la sentir si proche, et ses tempes se mirent à battre.

« Je sais bien que tu ne viendras pas sur le lac aujourd'hui. »

Elle se leva brusquement.

« Je suis contente de t'avoir parlé. »

Est-il possible de décrire l'effet délicieux qu'August ressentit à l'écoute de ces suaves paroles ?

Il la vit courir et s'éloigner pour rejoindre les autres, et elle s'élança sur la glace telle une ballerine pleine de grâce.

Mais que fait-elle ? Elle s'éloigne du groupe ? Elle se rapproche de la berge aux sapins bleus ?

Pourquoi elle ?

Brusquement, la glace craqua sous les pieds de la belle. Un cercle pervers, creusé par qui l'on devine, s'ébranla et se déroba sous elle. Tout son corps glissa lentement dans l'eau profonde, et elle disparut comme si elle eût été la petite sirène.

« Non ! Je n'ai pas voulu ça ! murmura August dans un souffle. »

Il se précipita comme un fou près de la cassure. Tous les jeunes gens crièrent et coururent en direction de la berge d'où August, sans hésiter un instant, plongeait.

Cela dura une éternité.

Il nageait dans l'eau bleue et cuisante. Et l'on aurait pu voir, au-dessus de lui, le toit de la glace épaisse où couraient en sautillant les bulles prisonnières. Il cherchait la jeune fille qui s'enfonçait lentement. Lorsqu'il vit ses longs cheveux flotter et ses bras en croix qui ralentissaient sa chute, il la saisit dans sa descente fatale. La remontée fut difficile.

Les hourrah et les applaudissements l'étourdirent à sa sortie de l'eau. Il n'avait pas été long à retrouver le trou criminel.

La jeune fille fut enlevée prestement. Ses compagnons se dévêtirent pour l'envelopper de leurs manteaux épais. On l'emmena vite.

August resta seul sur la rive, la mine hagarde, les haillons durcis par le gel. Il eût vite perdu ses esprits si l'instinct de survie ne l'eût sauvé une fois de plus. Il s'enfuit en courant.

 

Le maire du village qui était l'homme le plus sage ou le moins abruti, c'est selon décida qu'il fallait faire quelque chose pour August.

On organisa donc une petite fête pour lui, pour le remercier de sa bravoure, et on le coiffa, faute de lauriers, d'une couronne d'épineux. On pensait qu'il en serait très honoré.

À la question : « Qu'est-ce qui te ferait plaisir, August ? », il répondit : « Un voyage dans la grande ville. »

 

Les villageois, très étonnés de cette demande, aussi incongrue qu'inattendue, ne comprirent pas pourquoi August voulait quitter leur île et ils essayèrent de le convaincre que son choix ne pouvait pas se réaliser : il n'était pas armé pour affronter le continent ! Ils ne pouvaient concevoir l'idée que sa vie ne lui convenait pas ; ils ne pouvaient même pas imaginer l'île sans August qui était devenu, du jour au lendemain, une mascotte presque attendrissante.

August savait bien qu'ils auraient tôt fait d'oublier son exploit, et que le cours de sa pauvre vie reprendrait comme avant.

S'il y eût une chose qui l'eût retenu, c'était l'espoir que la toute jeune fille qu'il avait sauvée, Thilda pour la nommer, émît le désir de le voir pour le remercier. Mais ses parents la préservaient de toute visite, vu son état de faiblesse, a fortiori de l'être immonde qu'il était et le resterait à leurs yeux. C'est avec horreur qu'on s'imaginait qu'il l'avait tenue dans ses bras pour la sauver. Les autres jeunes filles juraient qu'elles eussent préféré la mort.

August insista.

« Un voyage dans la grande ville ! »

Les villageois se concertèrent. Quand ils comprirent que le jeune héros n'en démordrait pas, ils cédèrent.

« Tu partiras par le prochain bateau. »

Le bateau navette avait coutume d'accoster une fois par mois. Il débarquait les marchandises que les îliens attendaient, et en paiement, il embarquait les caisses de poissons pêchés qu'on avait soigneusement saumurés.

 

August ressentit une joie débordante. Elle dura peu.

Ses nuits furent agitées par des rêves atroces qui le laissaient au réveil chancelant et brisé. Il n'eut plus le coeur à mendier. L'idée de récolter à nouveau une aumône misérable lui était devenue insupportable. Tout juste s'il avait envie de pêcher pour se sustenter quelque peu. Son enthousiasme éteint, il se mit à redouter l'entreprise souhaitée, s'imaginant seul et désorienté dans une foule hostile pour laquelle il ne serait qu'un inconnu. Ici, il avait ses marques. Que trouverait-il là-bas ?

Il alla se recueillir à l'église et contempler la madone compatissante. Il avait quelque chose à se faire pardonner.

 

Puis, un jour, le bateau arriva.

« Alea jacta est » se dit August dans sa langue maternelle.

Après avoir payé la traversée comme prévu, quelques pêcheurs lui remirent un tout petit pécule afin qu'il ne partît pas, pauvre comme Job, pour une aventure qu'ils entrevoyaient bien périlleuse. Et leur coeur, si dur d'ordinaire, s'en émouvait, comme s'ils eussent perdu à tout jamais un compagnon qui leur était cher.

L'homme, on le sait, est illogique, versatile et inconstant.

 

Les amarres larguées, le bateau s'éloigna lentement de la berge familière, et August, la poitrine serrée, se tourna vers l'horizon sans fin qu'il avait appelé de tous ses vœux.

Cette nuit-là, pas de tempête, pas de vagues mugissantes. La lune avait migré aux antipodes. Par intermittence, au gré des nuages, se laissait à peine entrevoir la pâle lueur du firmament constellé. Le brouillard se leva et recouvrit la surface de l'eau ; il monta lentement le long de la coque, plus haut encore, jusqu'à ce qu'August le sentit lui coller à la peau. Il frissonna. Un silence profond remplit l'air épais et le bateau cessa d'avancer, faute de vent dans les voiles qui, de guerre lasse, s'étaient affaissées, inertes et impuissantes.

Il faudrait rester là aussi longtemps que la nature capricieuse l'avait décidé.

 

Le capitaine, un homme aguerri à toutes les vicissitudes, vint s'accouder au bastingage à côté d'August qui s'étonna de ne plus être fui, et qui pouvait dévoiler sa tête informe, sans craindre des représailles, et sans qu'on n'y trouvât rien à redire.

Ils sursautèrent de concert, lorsque soudain une caravelle, toutes voiles dehors, apparut, sans qu'il y eût un souffle, et effleura le ventre de leur propre bateau dans un silence de tombeau.

« Der Fliegende Holländer5, murmura entre ses chicots le capitaine interdit.

Le Hollandais Volant, murmura August en écho dans l'épaisseur de la brume où glissait lentement et sans bruit le bâtiment lugubre et désert.

Mauvais présage, ajouta, laconique, le capitaine. »

 

August savait, pour l'avoir lu dans ses livres dérobés, que le Vaisseau Fantôme est condamné à errer éternellement à la recherche de rêves irréalisables et de l'impossible, auquel lui, August, n'osait même pas penser. N'était-ce pas là le signe qu'il lui fallait abandonner, avant toute tentative, l'espérance qui l'avait animé ?

 

« Je l'ai déjà vu, ce bateau de mauvaise augure, grommela le marin. Il y a bien trente ans. La peste s'est déclarée, et nous avons dû passer dix hommes par-dessus bord.

Mauvais présage, répéta-t-il. Mais ne te laisse pas impressionner. Va te coucher. Demain est un autre jour. »

August se glissa dans la cale silencieuse.

 

Dès l'aube, le vent se leva et gonfla la voilure. Il ne faudrait pas plus d'une journée pour arriver à quai. Le voyage se poursuivit sans histoire. On avait presque oublié la rencontre funeste de la veille.

Lorsque le soir tomba, on vit à l'horizon une frange tremblotante de lumière qui s'approchait lentement. Un port, un vrai port s'étendait devant les yeux d'August, inconnu, étranger, immense.

Le bateau glissa dans cette bouche béante, cherchant sa place au milieu d'autres bateaux amarrés, et déjà l'on pouvait percevoir une rumeur diffuse qui venait de la terre, et qu'August ne connaissait pas ; les craquements des gréements et le clapotis de l'eau se mêlaient à des éclats de voix, des rires et des cris, des chansons même, des aboiements plaintifs et aux grincements des charrettes que l'on chargeait et déchargeait encore, avant que les ténèbres ne missent fin à l'activité inouïe qui s'offrait à la vue.

« Allez petit, tu es arrivé. Bon vent et que Dieu te garde ! »

 

Ce fut presque comme à regret qu'August quitta le bateau . Il y avait rencontré pour la première fois un homme qui avait fait cas de lui. Était-il possible que le regard qu'il portait sur ses semblables pût changer ? Était-il possible qu'on portât sur lui un autre regard ?

Il se retrouva comme un somnambule sur le quai, étonné, étourdi, fasciné par le spectacle qui l'entourait. On s'agitait, on s'invectivait ; chacun semblait avoir une tâche précise sauf August, qui resta là, jusqu'à ce que la place se vidât peu à peu et qu'il dût décider s'il s'enfoncerait davantage dans la gueule béante du port qui ne s'endormirait pas.

Il choisit de s'engager dans une ruelle sombre à peine éclairée par un bec de gaz à l'autre bout, afin qu'on ne pût s'effrayer de sa figure, si d'aventure il eût croisé un autochtone. Mais d'autochtones point. C'est à peine si l'on pouvait distinguer entre les langues et les accents divers si l'on était dans le pays d'August ou si Babel avait survécu à la colère de Dieu, et s'était installée là, comme un défi à sa puissance.

Au bout de la ruelle, il arriva dans un quartier étrange où se promenaient des dames en robes de couleurs, décolletées comme il n'est pas permis, et qui se mirent à le héler en déployant leurs attraits. Leurs attitudes lubriques l'étonnèrent. C'est à Sodome et Gomorrhe qu'il pensa. Il était à la fois effrayé et attiré par ces femmes qui osaient soutenir son regard sans être horrifiées, et s'approcher de lui jusqu'à le flatter de la main et lui susurrer des paroles doucereuses.

Enhardi par leur attitude qu'il jugeait amicales, bien que vulgaires, il osa s'approcher de l'une d'entre elles, et lui sourit. Elle était plus jeune que les autres et de loin plus jolie. Mais il fut vivement saisi par le bras et repoussé en arrière, et il crut comprendre, en une langue voisine de la sienne, que cette jeune fille n'était pas pour lui, et que la matrone autoritaire à qui il avait affaire, était prête, elle, à lui proposer ses charmes. Il recula promptement et entendit des hurlements de rires, de désapprobation, de haine même. Tout juste si quelques-unes ne s'approchèrent pas de lui, menaçantes. Il dut prendre ses jambes à son cou, comme il avait si bien coutume de le faire, et il passa sans les voir devant les vitrines étroites où s'exhibaient éhontément les charmes à vendre de dames qui avaient, elles, pignon sur rue.

 

Il s'arrêta haletant et bouleversé devant un établissement où il put rassembler ses forces. C'était une sorte d'auberge, un bouge plutôt, malodorant et crasseux, qui affichait son enseigne « Drei Groschen6».

« Ma foi, trois sous, c'est dans mes moyens, se dit-il. »

Quand il y entra, il fut comme soulevé par une vague musicale. Tous chantaient à tue-tête la chanson de Mackie7, Mackie le Surineur. Il se sentit transporté par une joie virile et débordante, chauffé par la bière mauvaise, submergé par l'odeur de friture âcre et la fumée épaisse. Il lampa son bock mousseux à souhait, avala une saucisse rance mais chaude, et, le ventre plein, exténué, il s'affala sur la table grasse et s'endormit, vaincu par l'alcool et les émotions nouvelles.

 

C'est dans le caniveau qu'il se réveilla, humide d'embruns, le crâne embrumé et la bouche fétide. Il se demanda bien ce qu'il était venu faire dans cette galère.

Il eut soif. Il eut faim.

Une femme tirait un char à bras et criait : « Crawfish8 ! Hering9 ! » et toute une litanie poissonneuse dans toutes les langues, sur un ton lancinant et monocorde.

August s'approcha, choisit deux harengs séchés ; mais, lorsqu'il plongea la main au fond de sa poche, il constata amèrement que quelque gougnafier sans vergogne l'avait délesté de son bien.

La bonne femme attendait impatiemment son dû qui était bien long à venir, et pour cause. Le pauvre August, interloqué, tenait à bout de bras ses harengs par la queue sans savoir s'il devait les rendre ou s'enfuir précipitamment ; d'ailleurs, il était incapable de réfléchir, et il serait resté ainsi longtemps, telle une statue de sel, si la poissonnière qui ne comprenait rien à son manège ne l'avait fait sursauter.

« Mein Geld10 ! » ordonna-t-elle.

Elle examina sa mine piteuse, sa dégaine difforme, et il pensa qu'il allait l'émouvoir quand il fut secoué de gros sanglots.

« Ach11 ! » poussa-t-elle, comme si elle eût envie de lâcher un gros crachat.

C'était sa manière à elle.

Elle se contenta d'un coup de rein pour faire démarrer sa lourde charrette, et poursuivit son chemin.

« Crawfish ! Hering ! »

Qu'une inconnue eût la générosité de lui faire un cadeau, ça, il n'aurait jamais pu l'imaginer.

Et il se mit à dévorer les harengs d'un appétit qu'on ne qualifiera pas.

Il ne s'était pas passé cinq minutes, et August venait tout juste d'engouffrer ses deux poissons, que deux hommes, dépêchés par la marchande rancunière, surgirent on ne sait d'où, et se mirent à le bastonner d'une violence telle qu'August avait peine à se protéger tant il pleuvait de coups, et de droite, et de gauche. Il en sortit tout meurtri et il pensa que c'était une juste punition.

 

Le port lui sembla désormais une jungle sauvage. Il ne trouva pas de travail sur les docks, il était trop malingre. Il ne lui fallait pas songer à proposer ses services sur le marché de poissons, il aurait fait fuir le chaland. À la brasserie, il aurait fait tourner la bière. Comme moussaillon, aucun capitaine n'aurait fait confiance à sa mine secouée de rictus. Une fois seulement, un cirque qui passait l'aurait bien recruté pour le mettre en cage. Lui ! En cage ! Cela se pouvait-il ? Quelle dégoûtation : cette idée de se donner à des yeux se repaissant de sa vue !

Il ne lui restait pour survivre que le vol et la mendicité. Il renonça à ces dernières solutions. Il eût préféré mourir que de s'y adonner.

Le vol était hors de ses principes Ne rendait-il pas scrupuleusement les livres dérobés furtivement au presbytère quand il les avait lus ? et la mendicité, ça non ! il avait déjà donné, si l'on peut dire !

 

Il commença à regretter son île où sa cabane devait s'ennuyer sans lui. Et il se mit à penser à Thilda, la douce enfant qui avait osé l'approcher, qui avait osé lui parler. Qu'était-elle devenue ? S'était-elle rétablie ?

August pensa que sa vie ne valait la peine d'être vécue que là-bas, dans le berceau de sa forêt, sur son rivage aux bords poissonneux.

« C'est là qu'il me faut retourner. C'est là qu'il me faut vivre. Chez moi. Près de la tombe de mon père. Près de la tombe de ma mère. Près de la Madone bienveillante. »

 

Sa décision était prise. Il resta deux semaines sur le quai, grappillant çà et là quelques détritus pour subsister. Il attendait le capitaine qui l'avait amené, comptant bien qu'il n'exigerait pas de paiement pour le retour.

Et un jour, il le vit apparaître sur le pont de son navire, droit et fier, côte à côte avec l'altière figure de proue semblable à une Walkyrie.

 

Sur le chemin du retour, ils ne croisèrent pas le maléfique Hollandais Volant qui hantait d'autres lieux.

Lorsqu'ils jetèrent l'ancre près du rivage retrouvé, August se cacha comme il savait le faire, mieux que quiconque, et il se faufila en catimini jusqu'à ce qu'il arrivât à l'endroit qu'il aimait.

 

Il fuyait désormais ses congénères comme la peste. Même la petite Thilda. Il aurait eu trop peur qu'elle lui dît un jour en le rencontrant :

« Mon pauvre August, tu es vraiment trop laid... Je suis contente de t'avoir parlé. »

 

ÉPILOGUE

 

August ne regrettait pas d'avoir tenté l'aventure. Ce n'était pas qu'il fût malheureux d'avoir échoué, mais il ressentait encore plus douloureusement l'isolement qu'il avait choisi pour se protéger.

Montesquieu a décrit si justement le sentiment qu'éprouvait alors notre jeune héros : « Cette tristesse vient de la solitude du coeur, qui se sent trop fait pour jouir, et qui ne jouit pas ; qui se sent trop fait pour les autres, et qui ne les trouve pas. »

 

August partait au plus profond des bois à la recherche des trolls et des tomtes12, mais il n'en trouvait aucun qui lui fît bonne figure.

 

On s'aperçoit que la statue de la Vierge a disparu.

Mystère.

Tout le monde croit qu'un paroissien luthérien, plus orthodoxe que les autres, l'a soustraite à la vue de ses coreligionnaires. Pour leur salut, bien sûr.

Dorénavant, vous l'aurez compris, notre August ne sera plus jamais seul.

 

NOTES

 

1 Dans la Bible, l'arc-en-ciel représente le signe de l'Alliance entre Dieu et son peuple. Il apparaîtrait au-dessus de l'Arche d'Alliance.

 

2 Les pêcheurs d'Islande étaient les pêcheurs qui allaient dans les eaux islandaises pour pêcher la morue. Pierre Loti évoque leur vie difficile dans son beau roman “Pêcheurs d'Islande”.

 

3 “ Le Merveilleux voyage de Nils Holgerson” est un conte pour la jeunesse, de Selma Lagerlöf, romancière suédoise qui reçut le Prix Nobel en 1909.

 

4 Thulé était connue des Grecs et des Romains comme la terre la plus septentrionale, peut-être l'une des îles Shetland ou l'une des îles Orcades, ou l'Islande, ou la côte de Norvège. Elle est devenue mythique.

 

5 “Le Vaisseau fantôme”, en allemand “der Fliegende Holländer”. Le mythe raconte qu'il est condamné à errer éternellement jusqu'à ce qu'il rencontre l'amour d'une femme.

 

6 Ein Groschen : un sou, une pièce de dix Pfennig.
Drei Groschen: trois sous.
Dreigroschenoper : “l'Opéra de quat'sous”, drame musical de Bertolt Brecht (1928) d'après “The Beggar's Opera” de John Gay (1728).

 

7 “La Chanson de Mackie”, Mackie le Surineur, “ Mac the Knife”, fait partie de l'Opéra de quat'sous.

 

8 Crawfish : mot anglais qui signifie langouste, langoustine.

Lecteur, as-tu jamais entendu la poissonnière crier “Crawfish” dans une chanson du King ?

>> Elvis Presley - Crawfish - YouTube

 

9 Hering : mot allemand et anglais (herring) qui signifie hareng - en suédois, sill.

 

10 Mein Geld : Mon argent en allemand.

 

11 Ach ! Interjection gutturale allemande qui marque une émotion : la surprise, le dépit, etc.

12 Trolls et tomtes : petits lutins des légendes scandinaves.

 

Auteur : Mamiehiou

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5 avril 2017 3 05 /04 /avril /2017 12:43

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Monsieur Charles-François Lohmond a publié en 1780 un ouvrage intitulé ÉLÉMENS DE LA GRAMMAIRE FRANÇOISE.

Ce texte, adopté par le Conseil royal de l'Instruction Publique, a été corrigé et enrichi en 1836 par Monsieur M.-A Peigné

Je donne ci-dessous un extrait de la liste des locutions erronées qu'on disait à l'époque de Monsieur Lohmond et qu'il a corrigées.

Je suis convaincue que cela pourrait encore aujourd'hui nous être utile.

 

Locutions vicieuses

Locutions correctes

Elle a abîmé sa robe

Elle a sali sa robe

Il a des souliers acculés

Il a des souliers éculés

Assis-toi

Assieds-toi

Si tu t'avises de sortir

Si tu oses sortir

Le vin est fait pour boire

Le vin est fait pour être bu

Il a bosselé ce chandelier

Il a bossué ce chandelier

Vous avez rempli le but

Vous avez atteint le but

Un propos capable de nuire

Un propos susceptible de nuire

Il a une voix de centaure

Il a une voix de Stentor

Changez-vous

Changez de vêtements

Six boites à 2 francs chaque

Six boites à 2 francs chacune

Je vais colorer cette image

Je vais colorier cette image

C'est une affaire conséquente

C'est une affaire importante

J'ai déjeuné avec du pâté

J'ai déjeuné de pâté

Je me suis en allé

Je m'en suis allé

Descendez vite les escaliers

Descendez vite l'escalier

Evitez-moi cette peine

Epargnez-moi cette peine

Il a fait une longue maladie

Il a eu une longue maladie

Il m'a fixé longtemps

Il m'a regardé longtemps

Cet homme est fortuné

Cet homme est riche

Je me suis laissé dire

On m'a dit

Les père et mère

Le père et la mère

Je lui en défie

Je lui défie

Cette rue est très passagère

Cette rue est très passante

Je vous promets que cela est

Je vous assure que cela est

Il a recouvert la vue

Il a recouvré la vue

Qu'a-t-il à se plaindre ?

De quoi a-t-il à se plaindre ?

 

Certaines phrases ou certains mots que je n'ai pas retenus ne sont plus de saison et relèvent plutôt de patois divers ou de mauvaises habitudes passées .

Par exemple : l'aigledon, ajamber, alargir, une ormoire, la castrole, des bamboches, un trichard, un clincailler, le gaudron, le gigier, un lavier et bien d'autres joyeusetés orales que nos ancêtres ont employées.

Vous pouvez les retrouver page 108 et suivantes sur le site :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k423763g/f104.item

 

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25 mars 2017 6 25 /03 /mars /2017 17:00

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De nombreuses expressions émaillent la conversation des deux copines, Lili-Rose et Marie-Lou. Le style est familier parfois même argotique. L'adverbe de négation NE est souvent omis.

 

À en tomber raide

1Lili-Rose-Ah, Marie-Lou ! Si tu savais. J'aimerais être à cent pieds sous terre.

2 Marie-Lou-Tu m'as pas l'air dans ton assiette.

3Lili-Rose-J'ai fait une boulette. Je me pardonnerai jamais. J'aurais mieux fait d'avaler ma langue.

4 Marie-Lou- Mais tu es toute retournée. Et de plus, tu es fichue comme l'as de pique. Raconte !

5Lili-Rose-Je sors de mon oral d'histoire et je n'ai débité que des fagots.

6 Marie-Lou-Tu veux me faire prendre des vessies pour des lanternes, toi qui es au top niveau en Histoire.

7Lili-Rose-Tu ris sous cape ? Tu t'en fous comme de l'an 40 ?

8 Marie-Lou-Oh mais, faut pas pousser mémé dans les orties ! Je dis ça je dis rien. Arrête de pleurer comme une madeleine.

9Lili-Rose-Je le vois bien, tu t'en laves les mains !

10Marie-Lou-Ta raison s'égare, ma Loute, tu sais bien que tu es ma petite caille, ma copine à la vie à la mort.

11Lili-Rose-Tu vendras pas la mèche, dis ? J'veux pas passer pour une bécasse, ou une courge, ou une cruche, encore moins pour une quiche !

12Marie-Lou-Bien sûr que non ! Mais crache le morceau. Qu'est-ce qui t'est arrivé ?

13Lili-Rose-Je crois que j'ai une araignée au plafond. Je me suis mélangé les pinceaux. J'ai confondu Napoléon Bonaparte et Jules César.

14Marie-Lou-Deux grands conquérants ! À cette différence près que César n'aimait pas trop occire les vaincus.

15Lili-Rose-Revenons à nos moutons. L'examinateur s'est tenu les côtes. Il a cru que je me payais sa tête.

16 Marie-Lou-Il t'a assaisonnée un max ?

17Lili-Rose-Non, il m'a félicitée grave pour mon humour. Il a cru que je lui faisais du plat.

18 Marie-Lou-Ah ! Ah ! Il s'est fourré le doigt dans l'oeil !

19Lili-Rose-Je te dis pas. Il m'a filé un rencard !

Rencart, rancart, rencard, rancard.

20 Marie-Lou-Non ! Tu me bourres le mou ! Arrête ton char !

21Lili-Rose-T'inquiète ! Je lui poserai un lapin.

22 Marie-Lou-Tu me balades ! Tu me la fais à l'envers !

23Lili-Rose-Croix de bois, croix de fer...

24Marie-Lou- Et quelle note il t'a mise ?

25Lili-Rose-19 bien sûr.

26Marie-Lou-Tu te mouches pas du coude ! Avec ça tu vas décrocher ton bac, c'est dans la poche.

27Lili-Rose-Y a pas de souci ! Il n'empêche, ça m'a tourné les sangs.

28Marie-Lou-Allez, arrête de miauler !

 

Le sens de quelques expressions :

Académie : Il voudrait être à cent pieds sous terre, Il voudrait pouvoir se cacher à tout le monde, tant il est confus, honteux. Il se dit aussi d'un Homme qui a quelque grand sujet de chagrin, qui est dégoûté de la vie. Je voudrais que cet homme fût à cent pieds sous terre, Je voudrais qu'il fût mort. http://www.cnrtl.fr/definition/academie8/pied

Bob : avaler sa langue Ne rien dire, se taire, se retenir

Bob : retourner Émouvoir beaucoup, émouvoir, donner un choc moral

Bob : débiter des fagots Raconter des niaiseries ; faire le niais

Bob : prendre des vessies pour des lanternes Être crédule, inintelligent, idiot, naïf ; tromper, berner, se moquer de quelqu'un, faire croire des choses insensées, faire croire des choses énormes, débiter de gros mensonges ; mensonge type

Bob : pleurer comme une madeleine Pleurer

Bob : s'en laver les mains N'y avoir rien à faire, être indifférent, se déclarer irresponsable, ne pas en accepter la responsabilité

Bob : vendre la mèche Trahir un secret, publier ce qui était secret, dévoiler, monter, faire des révélations, avouer, dénoncer

Bob : quiche Terme de mépris général : idiot, imbécile ; prendre pour un idiot, pour une idiote

Internaute : avoir une araignée au plafond : Avoir un côté farfelu, un comportement un peu fou, qui ne dérange pas les autres.

Wiktionnaire : il ne faut pas pousser mémé dans les orties

Wiktionnaire : à la vie, à la mort

 

dictionnaire des expressions françaises décortiquées Arrête ton char (Ben-Hur) !

Le Dictionnaire de la Zone © Cobra ...Définition de envers (la faire à l')
 

Retrouvez Lili-Rose et Marie-Lou dans les articles :

Mes vacances avec Lili-Rose – Exercice d'orthographe

Les bavardages de Lili-rose avec Marie-Lou – Orthographe

 

>> Expressions françaises d'hier et d'aujourd'hui

 

Voir aussi : Des expressions avec des prénoms

 

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Récapitulation des petites histoires à trous

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11 mars 2017 6 11 /03 /mars /2017 10:15

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Des expressions familières le plus souvent amusantes, parfois avec des jeux de rimes, et qui fusent dans des circonstances particulières.

 

Essayez de les retrouver. Les phrases complètes suivent.

En voiture ..... !

Chauffe ..... !

À l'aise ..... !

À la tienne ..... !

T'as le bonjour d'..... !

Tu parles, ..... !

Tu vas me le payer, ..... !

Relaxe, ..... !

Cool, ..... !

Tranquille ..... !

Tranquille ..... !

Fonce ..... !

..... du bois dur.

Au hasard, ..... !

T'as raison, ..... !

Tout juste, ..... !

Tranquille comme .....

T'as pas tort, ..... !

Ça colle, ..... !

Tu m'étonnes, ..... !

....., ça glisse !

Pas de ça, ..... !

C'est le jeu, ma pauvre ..... !

 

Voici les expressions complètes :

En voiture Simone !

En voiture Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes !

Simone Louise des Forest fut l'une des premières pilotes automobiles françaises. D'où l'expression : En voiture Simone !

Les expressions françaises décortiquées [archive]

http://savour.eu/portfolio/en-voiture-simone/

Chauffe Marcel !

http://www.expressio.fr/expressions/chauffe-marcel.php

À l'aise Blaise !

http://www.expressions-francaises.fr/expressions-a/827-a-laise-blaise.html

À la tienne Étienne !

http://www.expressions-francaises.fr/expressions-a/1803-a-la-tienne-etienne.html

T'as le bonjour d'Alfred !

https://fr.wiktionary.org/wiki/t%E2%80%99as_le_bonjour_d%E2%80%99Alfred

Tu parles, Charles !

tu parles, Charles — Wiktionnaire

Tu vas me le payer, Aglaé !

Argot français de 1827 à 1907 : Tu vas me le payer, Aglaé

Relaxe, Max !

Cool, Raoul !

Tranquille Bill !

Tranquille Émile !

Fonce Alphonse !

Arthur du bois dur.

Au hasard, Balthazar !

T'as raison, Léon !

Tout juste, Auguste !

Tranquille comme Baptiste.

Rechercher tranquille sur :

http://www.expressions-francaises.fr/annuaire-expressions-francaises/rechercher-une-expression

T'as pas tort, Hector !

Ça colle, Anatole !

Tu m'étonnes, John !

Alice, ça glisse !

Pas de ça, Lisette !

C'est le jeu, ma pauvre Lucette !

En référence à une publicité de la Française des jeux où Lucette et son mari ont gagné un voyage. Ils font tourner un globe terrestre et Lucette pointe à l'aveuglette l'Australie. Ils y sont déjà allés. Dommage ! Le mari s'écrie : "C'est l'jeu, ma pauv'Lucette !


D'autres exclamatives sans prénoms

Circule, virgule, ou j't'apostrophe !

Un peu, mon neveu !

Définition un peu, mon neveu ! | Dictionnaire définition français ...

Je veux, mon neveu !

Tu l'as dit, bouffi !

http://www.expressio.fr/expressions/tu-l-as-dit-bouffi.php

 

Et Aude a ajouté dans son commentaire :

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Fier comme Artaban.
Reviens, Léon, j'ai les mêmes à la maison.
Baiser Fanny.
C'est mon Jules.
Gros Jean comme devant.
Dans le cul, Lulu !

 

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PARONYMES – PARONOMASE

Les villes dans des expressions, des proverbes, des citations, des titres...

Jeux sur les couleurs : 1-Complétez les phrases avec des noms de couleurs 2-Trouvez la couleur dans les titres des films 3-Cherchez l'intruse - QUIZ 63

 

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