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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 08:20

FLORILÈGE

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Tome 1

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Louise Labé, la Belle Cordière

vers 1524 - 1566

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Baise m'encor, rebaise-moi et baise...

 

Baise m'encor, rebaise-moi et baise :

Donne m'en un de tes plus savoureux,

Donne m'en un de tes plus amoureux :

Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

 

Las, te plains-tu ? ça que ce mal j'apaise,

En t'en donnant dix autres doucereux.

Ainsi mêlant nos baisers tant heureux

Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

 

Lors double vie à chacun en suivra.

Chacun en soi et son ami vivra.

Permets m'Amour penser quelque folie :

 

Toujours suis mal, vivant discrètement,

Et ne me puis donner contentement,

Si hors de moi ne fais quelque saillie.

 

Sonnet XVIII

 

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Pierre de Ronsard 

1524 - 1585

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Amourette

 

Or que l'hiver roidit la glace épaisse

Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,

Non accroupis près le foyer cendreux,

Mais aux plaisirs des combats amoureux.

Assisons-nous sur cette molle couche.

Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche,

Pressez mon col de vos bras dépliés,

Et maintenant votre mère oubliez.

Que de la dent votre tétin je morde,

Que vos cheveux fil à fil je détorde.

Il ne faut point, en si folâtres jeux,

Comme au dimanche arranger ses cheveux.

Approchez donc, tournez-moi votre joue.

Vous rougissez ? il faut que je me joue.

Vous souriez : avez-vous point ouï

Quelque doux mot qui vous ait réjoui ?

Je vous disais que la main j'allais mettre

Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?

Ne fuyez pas sans parler : je vois bien

A vos regards que vous le voulez bien.

Je vous connais en voyant votre mine.

Je jure Amour que vous êtes si fine,

Que pour mourir, de bouche ne diriez

Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ;

Car toute fille, encor' qu'elle ait envie

Du jeu d'aimer, désire être ravie.

Témoin en est Hélène, qui suivit

D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit.

Je veux user d'une douce main-forte.

Hà ! vous tombez, vous faites jà la morte.

Hà ! quel plaisir dans le coeur je reçois !

Sans vous baiser, vous moqueriez de moi

En votre lit, quand vous seriez seulette.

Or sus ! c'est fait, ma gentille brunette.

Recommençons afin que nos beaux ans

Soient réchauffés de combats si plaisants.

 

Second livre des Amours

 

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Gérard de Nerval 

1808 - 1855

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El Desdichado

 

Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte,
et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encore du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

 

Les Chimères

 

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Alfred de Musset

1810 - 1857

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Chanson de Fortunio

 

Si vous croyez que je vais dire

― Qui j'ose aimer,

Je ne saurais, pour un empire,

― Vous la nommer.
 

Nous allons chanter à la ronde,

― Si vous voulez,

Que je l'adore et qu'elle est blonde

― Comme les blés.
 

Je fais ce que sa fantaisie

― Veut m'ordonner,

Et je puis, s'il lui faut ma vie,

― La lui donner.
 

Du mal qu'une amour ignorée

― Nous fait souffrir,

J'en porte l'âme déchirée

― Jusqu'à mourir.
 

Mais j'aime trop pour que je die

― Qui j'ose aimer,

Et je veux mourir pour ma mie

― Sans la nommer.

 

Poésies Nouvelles
 

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Henri de Régnier

1864 - 1936

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Odelette 2

 

Si j'ai parlé

De mon amour, c'est à l'eau lente

Qui m'écoute quand je me penche

Sur elle ; si j'ai parlé

De mon amour, c'est au vent

Qui rit et chuchote entre les branches ;

Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau

Qui passe et chante

Avec le vent ;

Si j'ai parlé

C'est à l'écho ;

Si j'ai aimé de grand amour,

Triste ou joyeux, Ce sont tes yeux ;

Si j'ai aimé de grand amour,

Ce fut ta bouche grave et douce,

Ce fut ta bouche ;

Si j'ai aimé de grand amour,

Ce furent ta chair tiède et tes mains fraiches,

Et c'est ton ombre que je cherche.

Les Jeux rustiques et divins 

 

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Charles Baudelaire

1821 - 1867

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L'Invitation au Voyage

 

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

 

Les Fleurs du Mal

 

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Jean-Paul Toulet

1867 - 1920

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En Arle

 

Dans Arle, où sont les Aliscamps
Quand l’ombre est rouge sous les roses,
            Et clair le temps,
 
Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
            Ton cœur trop lourd ;
 
Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas si c’est d’amour
            Au bord des tombes.

 

Contre-rimes

 

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Louis Aragon

1897 - 1982

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Les yeux d'Elsa

 

Je ne peux pas publier ce poème que j'aime. L'oeuvre n'est pas encore tombée dans le domaine public, mais, en cherchant bien, vous pouvez trouver le texte sur la toile. 

 

Quand un ouvrage peut-il tomber dans le domaine public ?

Lire : Pourquoi Apollinaire a mis 95 ans pour entrer dans le domaine public

 

>> Voir aussi : Poèmes d'amour  Tome 1

>> Et d'autres textes d'auteurs dans "La pensée des autres"

 

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  • J'aime trop les mots pour les garder par-devers moi - au fond de mon coeur et de mon esprit. Ils débordent de mes pensées en contes drolatiques, avec des quiz et des digressions sur la langue.
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