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20 octobre 2010 3 20 /10 /octobre /2010 16:17

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UNE HISTOIRE DE COQ

 

Ce matin, je suis descendue dans mon jardin pour profiter de la douceur de l'été indien qui s'est installée depuis peu. J'aime y rester assise sur le banc et contempler les minuscules avancées du temps qui, de jour en jour, transforment les formes et les couleurs.

 

Planté au milieu de la pelouse, un coq est là qui me regarde.

« Je ne te connais pas », lui dis-je, « Que fais-tu donc chez moi ? »

 

Un murmure plaintif sort de son bec. Il reste figé, devant moi, et n'avance ni ne recule, m'observant avec méfiance mais sans crainte.

« Comme tu es beau ! » m'exclamé-je, sans croire vraiment que la flatterie puisse avoir sur lui quelque effet.  N'es-tu pas le coq que j'ai entendu plusieurs fois crier dans le jardin voisin et que j'ai entrevu par delà la haie, à courir, les ailes feu déployées, poursuivi par le chien et puis par le chat peu amènes qui te disaient leur désapprobation de t'être installé chez eux ? À coup sûr c'est bien toi. Qui d'autre ? Et ainsi te voilà réfugié chez moi, en quête d'un havre de paix, d'un paradis improbable. Tu as raison, qui ne tente pas sa chance n'a rien en ce vaste monde. Tu mérites ma protection si tant est que ton maître ne vienne te prendre pour te remettre dans son enfer. »

Il m'écoute avec attention. Je sens un piège : je l'aime déjà.

 

Mais voilà monsieur mon voisin qui arrive et pointe le nez par dessus le portail ajouré.

« Entrez donc, lui dis-je, vous venez chercher votre coq ? »

Il me raconte qu'on lui a fait ce cadeau, un cadeau bien encombrant, précise-t-il, parce qu'il a rendu service à un fermier. Ce dernier a pensé lui faire plaisir en lui offrant en retour le volatile innocent, qu'on destinerait probablement à la casserole.

« Lui couper le cou ? Le plumer ? Ah, je ne le pourrai pas, me dit le propriétaire du coq. Voyez comme il est heureux chez vous. En paix. Je vous le laisse. »

Comment supporter l'idée qu'on puisse rayer de la surface de la terre une créature aussi magnifique pour le plaisir d'un coup de fourchette ? Quelle abomination ! Quelle horrible pensée — vous en êtes d'accord, lecteur sensible, qui frémissez déjà — que d'imaginer ce bel animal, si vif, si fier, réduit misérablement à un tas d'os rongés et à une inutile plumée !

Mais comment accepter de l'adopter ? Chez moi ? Non, non, je ne puis m'y résoudre, ce n'est pas sa place.

Je voudrais protester, donner des arguments à mon voisin qui a su s'imposer de façon aussi cavalière, pour qu'il reprenne son coq. Mais peut-être sent-il dans ma voix une certaine réticence, une insistance sans conviction, une molle opposition. Il n'écoute pas et coupe court.

« Gardez-le, je sais qu'il sera heureux ici. »

Et le voilà qui s'en va et me laisse dans la plus grande perplexité.

 

Je contemple l'animal et ne peux que fondre de plaisir à sa vue. Son attitude noble et orgueilleuse force le respect ; la multitude des couleurs de son plumage, l'admiration. Son corps luit, comme recouvert de fines lames d'or et de cuivre qui miroitent au soleil, Sa longue queue noire dressée retombe en éventail, brillant d'une moire digne d'une soie orientale. Sa crête charnue lui donne un air royal. Ai-je jamais vu de coqs ? En ai-je jamais vraiment regardé un ? Je croyais l'avoir fait dans plus d'une basse-cour mais jamais je n'ai été ainsi saisie par une telle beauté.

 

Il ne me reste qu'une chose à faire : aller chercher pour le nouveau venu de quoi manger et boire.

J'ai tôt fait de mettre à sa disposition un récipient d'eau et de lui donner ce dont je dispose : de la mie de pain frais trempée, des grains de riz (bluté, dommage !) et des graines de lin bio, brillantes à souhait, bien faites pour restaurer sa santé, à croire que je veux faire de lui un produit bleu blanc coeur. Je passerai tout à l'heure à Jardiland pour acheter des aliments adéquats.

Il a tout compris, tout de suite, quand j'appelle : « Petit, petit, petit... »

« Je te nommerai Nestor. À présent, tu n'es plus seulement un coq, mais mon coq. »

À mon âge, qui donc eût dit que je succomberais à l'attrait d'un gallinacé !

 

Victor, mon petit fils est venu admirer Nestor. À quinze mois on est curieux de tout. Les animaux le fascinent. Chats, chiens, pigeons, chinchillas lui sont familiers, mais un coq ! Il veut l'attraper. Le coq court parmi les fleurs, il bat des ailes mais sans grande conviction pour prendre son envol.

 

« Attention, Victor ! On ne court pas après un coq ! On le regarde, c'est tout. »

 

Victor lui adresse des cocoricos comme il les a entendus sur quelque DVD qui énumère, pour les enfants, des cris d'animaux, et il est étonné de n'entendre en réponse que des gloussements. Drôle de dialogue.

Je m'afflige que le petit ne pourra décidément pas continuer à s'amuser sur une pelouse parsemée de fiente malodorante et collant aux semelles. Son père me propose de bâtir une cabane pour le coq et même d'y inviter quelques poules. Soyons raisonnable, ne nous laissons pas succomber au pouvoir de séduction de Nestor. Non, on ne pourra pas le garder. Mais, comment faire pour se séparer de lui tout en lui préservant la vie, tout en lui trouvant un lieu où il puisse être heureux ?

 

Voilà déjà plus d'un mois que j'habite chez mon coq. Il domine la situation de son allure altière. Je ne cesse de l'admirer, de lui parler doucement, de lui faire découvrir les choses intéressantes de mon jardin. Chaque matin, il me demande de soulever les grosses pierres qui servent de bordures et de décoration. Oui ! Il me le demande. À voir l'excitation qui le prend lorsqu'il m'aperçoit — il se précipite à ma rencontre, les ailes battantes, poussant même de petits cris — à voir l'insistance qu'il prend à vouloir marcher tout près de moi, sur mes pieds s'il le pouvait, je ne peux résister et je cède à ses désirs. Nous faisons le tour du jardin. Sous chaque pierre soulevée, on s'extasie devant la découverte de toute une faune qui affectionne les lieux sombres et humides. L'insecte ou le crustacé débusqué ne fait pas un pli, Nestor l'avale goulûment (entre autres mille-pattes, vers blancs, et cloportes), ou c'est une grosse limace gluante qui est aussitôt déchiquetée pour être gobée elle aussi, ou un énorme lombric ou des vermisseaux qui n'ont pas le temps de dire ouf, toute une nourriture savoureuse gorgée de protéines qui fait de mon volatile préféré un modèle du genre ; il gagnerait des médailles, j'en suis sûre. Vrai, il a doublé de volume depuis que nous avons fait connaissance. Fier comme Artaban, il se promène selon sa fantaisie, projetant d'un coup sec sa tête à chaque pas, arborant une assurance souveraine, en maître des lieux.

 

Mon chat langoureusement s'étire sur le banc tout chaud de soleil. Couché sur le dos, Caramel donne son ventre miel à admirer. L'oeil mi-clos, il ne perd pas de vue ce qui se passe autour de lui. J'aime savoir qu'il fait bon ménage avec Nestor. Deux merveilleux êtres intelligents qui vivent en bonne intelligence. Le Paradis dans mon jardin ! Ils ont compris qu'ils pouvaient tirer le meilleur parti en se côtoyant sans se jalouser trop, à faire comme si l'autre n'existait pas ou presque. Ils s'observent discrètement sans que je m'en aperçoive, mais je me doute bien que rien de ce que fait l'un n'échappe à l'autre. Et voilà mon Nestor qui, faisant semblant de picorer on ne sait quoi, s'approche du chat à demi-sommeillant, sans en avoir l'air, à petits pas, et il dresse le col pour se mettre la tête à la hauteur du banc, l'oeil rond et curieux. La distance diminue dangereusement entre mes deux chéris, et j'observe. Soudain, alors que le bec est près d'effleurer le joli ventre rond, un coup de patte vif et précis assène une gifle sur le coq ébaubi qui fait quelques pas en arrière, vexé je vous l'assure, de n'avoir pu éviter le rappel à l'ordre intempestif du chat : on ne plaisante pas avec une trop grande familiarité. Et voilà Nestor reparti un peu plus loin, sans avoir sourcillé, sachant bien qu'il ne doit s'en prendre qu'à lui-même s'il a reçu la semonce, faisant comme si de rien n'était, déambulant inlassablement dans l'herbe à la recherche de proies invisibles aux yeux du commun des mortels, et décidant qu'à tout prendre il vaut mieux ne pas tenir rigueur au félin, d'ordinaire accommodant, et qui l'a si bien accepté sur son territoire.

 

Les jours se raccourcissent. Nestor va se coucher vers les six heures et demie et chacune de ses soirées perd quelques minutes quotidiennes. Il a déniché dans la haie d'arbustes une place, sur une branche, qui lui convient, où il se sent à l'abri dans le feuillage. Mais une nuit, la pluie est si violente que, lorsque je le vois au matin, le plumage détrempé, l'air piteux, je ressens une immense pitié.

 

C'est urgent, il faut agir avant les mauvais jours, il ne peut rester ainsi à la rigueur des intempéries. Il faut que je case mon coq.

Comment faire pour trouver une personne qui respectera son intégrité et renoncera à le dévorer, maintenant qu'il est bien gras et appétissant à souhait ? Je me mets à la recherche d'un amoureux des coqs, d'une personne qui aura de préférence une volée de poules (histoire de gâter Nestor !) mais sans coq déjà installé dans la basse-cour, car on sait bien que le plus souvent deux coqs ensemble ne font pas bon ménage.

Je me remémore alors Jean de La Fontaine :

Deux Coqs vivaient en paix : une Poule survint,

Et voilà la guerre allumée.

[...]

 

Je veux que mon coq soit heureux, un point c'est tout.

Après avoir supplié mon voisin de rechercher lui aussi une famille accueillante, — hélas sans succès —  j'ai l'idée, un dimanche matin, de demander à une bonne dame de ma petite ville, que je connais pour avoir fait partie d'une famille paysanne, et à ce titre, j'ai bon espoir qu'elle trouve quelque fermier qui fasse l'affaire. Pendant la messe où je la rencontre (ô sacrilège !), j'ose lui murmurer discrètement : 

 

« Jeannette, j'ai un coq dont je voudrais me défaire. Verriez-vous une bonne personne qui pourrait l'adopter ? Plusieurs conditions cependant : qu'elle ne le mange pas, qu'elle ait des poules, qu'elle n'ait pas déjà un coq, et qu'on puisse lui faire confiance. »

 

Toujours prête à rendre service, elle réfléchit. Après l'ite missa est, lorsque les fidèles s'ébranlent pour sortir de l'église, voilà que ma Jeannette se poste au milieu de la nef principale, et arrête les paroissiens, les uns près les autres en leur demandant : « Ne voulez-vous pas un coq ? » On entend pouffer, on entend lui répondre que ce serait une bonne idée pour le dîner. Notre curé se propose en plaisantant de prélever une taxe sur la vente. L'essai est un fiasco lamentable. Personne ne veut adopter mon coq.

 

Je demande à mes connaissances. Sans succès.

Jusqu'à mon kiné qui veut bien essayer de résoudre mon problème.

« Je crois que j'ai votre homme, me dit-il. Faisons une tentative. »

Il décroche le téléphone :

« Allô, c'est toi ma chère amie. J'aurais quelque chose d'exceptionnel à te proposer...

Non, je t'assure, c'est très sérieux. C'est un coq. Un coq à adopter.

 Ce n'est pas une plaisanterie, c'est un coq magnifique, il faut que tu le voies. Tu ne résisteras pas.

 Écoute, je te fais une proposition honnête : tu prends le coq, et je garde ton fils pendant les vacances.

 Sais-tu que tu ferais une très bonne affaire. Il parle anglais. Il serait un excellent répétiteur pour ton...

»

Pince-sans-rire, mon kiné se tourne vers moi, l'air contrit.

« Rien à faire, me dit-il, rien à faire ! »

 

Il faut me rendre à l'évidence, l'objectif que je me suis fixé sera dur, très dur à atteindre. Il ne me reste qu'une solution : faire du porte à porte.

J'ai repéré les fermes qui bataillent contre l'invasion urbaine, celles qui sont disséminées autour de ma petite ville, au milieu des prés et des champs, celles, héroïques, qui résistent, qui n'ont pas encore été grignotées par l'avidité des promoteurs de lotissements nouveaux et des grandes surfaces.

Je ne veux pas faire cette démarche toute seule, et Jacques, mon mari, va m'accompagner. Il aime bien faire des connaissances nouvelles, mon mari.

 

On roule sur la route de campagne et l'on aperçoit de loin un fermier qui sort de chez lui pour regarder sa boîte aux lettres. Le temps d'arriver dans la cour de sa ferme, il a disparu. On sonne, on frappe. Personne ne répond. Ne voit-on pas bouger un rideau, ou est-ce une illusion ? Pourtant nous savons qu'il est là, à nous guetter. Le couple que nous formons fait figure de fâcheux qui viennent le déranger. Des Témoins porteurs de la Bonne Nouvelle ? Peut-être ? Que croit-il ? Nous ne nous avouons pas vaincus.

Voyons plus loin. Une dame fort sympathique nous ouvre sa porte. Elle est stupéfaite d'entendre la demande que nous lui faisons et l'on sent qu'elle a vraiment envie de rire.

Jacques l'interroge : 

« Votre nom me dit quelque chose, n'êtes-vous pas la soeur de la dame qui porte le même nom que vous et qui vit à la maison de retraite ? »

 

Et voilà, c'est parti pour des bavardages interminables. On n'a pas fini si on fait ainsi la conversation à tous les fermiers des environs !

Il y a bien une ferme éloignée que nous apercevons d'ici. Je n'ai pas envie de faire des kilomètres. Nous demandons alors à notre interlocutrice si elle ne connaîtrait pas le nom des gens qui habitent là-bas, et nous lui montrons du doigt la maison sur la colline. Chouette, elle le connaît ! On se contentera de téléphoner.

Quand on demande à la brave dame au bout du fil s'il lui plairait d'adopter notre coq, elle nous rit au nez — façon de parler — et elle nous répond, en colère :

« Mais mangez-le donc ! »

 

Nous ne nous décourageons pas.

Le lendemain, nous poursuivons nos investigations en prenant une direction nouvelle. Il y a bien à quelque deux ou trois kilomètres de chez nous une jolie ferme au bord de la route. Nous y passons devant à chaque fois que nous descendons en ville et longeons un grand pré où s'ébattent des poules, qui, ma foi, ont l'air bien heureuses d'être au grand air. Allons-y !

Un aimable monsieur nous accueille, qui semble à peine étonné de notre requête. Il a bien eu un coq autrefois, qu'il aimait bien, mais il a dû s'en séparer à cause d'un voisin qui ne supportait pas ses cocoricos intempestifs ; il est vrai que le pauvre animal inconscient se mettait à chanter à trois heures du matin, quel bêta ! Nous suggérons de faire l'expérience avec notre coq. Peut-être le voisin sera-t-il aujourd'hui plus accommodant.

 

Notre Nestor, pendant les deux premières semaines de son séjour chez nous, ne chantait pas. Une aubaine pour les voisins. Puis un jour, à notre grand étonnement, il a chanté une fois. J'ai bien cru m'arracher les cheveux dans mon lit, alors que je n'étais pas encore levée. C'était sept heures vingt du matin. Le lendemain, c'était sept heures vingt-deux, le voilà qui se remet à chanter, et trois fois. « Aïe, j'ai bien peur que nous ayons bientôt des plaintes du voisinage », ai-je pensé. Mais rien. De jour en jour, et au fur et à mesure que notre coq se sentait plus heureux chez nous, les cocoricos se sont multipliés. Jusqu'à onze fois. Je les comptais, anxieuse, au fond de mon lit, priant que ces cris cessent vite. J'espérais que tout le monde alentour était déjà réveillé, le chant se faisant entendre de plus en plus tard chaque jour, suivant l'heure du lever du soleil.

Comme nous avons bon espoir que l'aimable personne à laquelle nous vantons la beauté et l'intelligence de notre coq, se laissera tenter, nous lui affirmons que l'animal n'est pas un lève-tôt, et que ses poules seront assurément ravies d'avoir un beau mâle à leur disposition. Nous sentons que sa résistance fléchit, les arguments font mouche. C'est fait. Nestor est adopté.

 

Le jour de la séparation arrive et je suis toute triste. Le futur propriétaire vient pour chercher Nestor. Dès qu'il l'aperçoit, il tombe sous le charme. Son admiration n'est pas feinte. « C'est un beau coq, dit-il, et bien gros ! » Il enfile des gants épais pour se protéger des ergots puissants et des grosses pattes griffues.

Nous voilà, le monsieur, mon mari et moi entourant le coq qui commence à se douter que quelque chose de désagréable va lui arriver. Il s'affole et semble me dire : « Que me fais-tu là ? Toi que j'ai aimée, toi en qui j'avais toute confiance. Veux-tu me livrer à des mains étrangères ? Quelle trahison ! » J'ai envie de pleurer, de lui demander pardon, et je me sens vaguement ridicule. Nous n'arrivons à rien, car l'animal risque de s'envoler à chaque fois que nous nous approchons de lui pour le saisir et j'ai bien peur qu'il n'aille dans la rue.

 

« Attendons qu'il se décide à aller se coucher, » propose le monsieur.

J'ajoute : « Il est bientôt l'heure. »

 

On voit alors mon bel oiseau se jucher dans l'arbuste qu'il affectionne. C'est un jeu d'enfant que de s'emparer de lui lorsqu'il est près de s'endormir. On le met dans une petite cage. Je le caresse pour la première et la dernière fois. « Adieu, Nestor, je t'aime. » Le nouveau propriétaire, qui semble ravi, insiste pour nous l'acheter, mais Nestor n'a pas de prix ! Il nous apportera, pour nous remercier, des oeufs de ses poules.

 

Je ne t'ai pas perdu de vue, mon cher Nestor. Chaque fois que je longe le pré où tu passes une vie heureuse, je te vois, au milieu de tes compagnes. Tu les domines de toute ta hauteur, toujours digne et majestueux, portant avec ostentation tes couleurs flamboyantes, et je ralentis ma voiture, si aucune autre ne me suit de près, pour t'admirer encore, et encore. Et mon coeur se serre d'émotion, et je me traite de bête, pour être aussi sensible. Tout juste si je n'essuie pas une larme, heureuse que je suis d'avoir pu te sauver de l'indifférence des hommes.

 

Ô coq ! Emblème gaulois de mon pays ! Je comprends à présent pourquoi tu fus choisi parmi toute la gent animale pour le représenter, pourquoi on t'a préféré au lion, ou même à l'aigle qui t'a détrôné un temps, celui des empires des Napoléon, mais que tu as su chasser, et tu es revenu, tel le phénix qui renaît de ses cendres, plus glorieux que jamais ! Les Français se souviennent-ils que depuis le Moyen-Age où ils t'ont adopté comme symbole religieux — Ne trônes-tu plus en girouette sur le clocher de nos églises ? —  puis, à la Renaissance où tu t'es attaché à l'idée de notre Nation, tu as accompagné l'effigie de nos rois au fil des siècles. On te trouvait parfois, sur les pièces de monnaie, sur les timbres, sur les gravures, et tu te dresses toujours, bien visible, sur certains monuments fameux. Tu restes au fond de nous comme une certaine image de la France, la France profonde et paysanne, et tu apparais encore, exaltant les coeurs, sur les terrains où nos sportifs rêvent de la victoire.

Ô mon coq ! Je t'ai découvert, dans toute ta splendeur et avec un coeur qui ressent des choses dont je ne me serais jamais douté, avec une intelligence et une délicatesse qui m'étaient inconnues jusqu'alors. Je ne t'oublierai jamais, Nestor, toi dont le cocorico retentit encore dans mon souvenir !

 

Une voisine m'interpelle l'autre jour : « Ah ! Comme votre coq chantait le matin ! » Je crois à un reproche qu'elle va me faire.

« Comme il me manque, me dit-elle, comme il me manque de l'entendre ! »

.................................

Notes

Les moindres détails de cette histoire sont vrais, le croiriez-vous ?

 

m'exclamé-je ou m'exclamè-je (Nouvelle orthographe): je m'exclame avec le sujet inversé.

 

Eussé-je, eussè-je, j'eusse, fussé-je, fussè-je, je fusse, dussé-je, dussè-je, eût-il, fût-il, dût-il, fût-ce, fussent-ils, parlé-je...

Réforme de l'orthographe - L'orthographe recommandée aux enseignants - Lexique

 

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commentaires

D
<br /> Oui, bien sûr que je me souviens, impossible de vous oublier ! J'avais mis en lien à l'époque, mais cette fois, je le mets de manière plus visible, vous êtes incontournable et pour tous les<br /> auteurs qui me visitent cela peut les aider...<br /> <br /> <br /> Bien à vous, avec la fraternité des fées,<br /> <br /> <br /> Dana<br />
Répondre
D
<br /> Oh ! Je ne le savais pas ! Laissez-moi un message de temps à autre !<br /> <br /> <br /> Votre blog est tout à fait remarquable, je vous ai placé à la 1ère page de mon site, sur la droite, là où le texte ne défile pas. Cela pourra aider des auteurs en panne d'orthographe et de règles<br /> de grammaire !<br /> <br /> <br /> Je vous adresse toutes mes félicitations et mon admiration devant votre érudition.<br /> <br /> <br /> Merci à vous. Très chaleureuse amitié. Dana Lang <br />
Répondre
M
<br /> <br /> Bonjour Dana !<br /> Je vous remercie de vos compliments qui bouleversent ma modestie naturelle. Rappelez-vous. Vous m'avez écrit un commentaire  il y a deux ans, le 14 janvier 2011. Je l'ai beaucoup aimé. C'est<br /> depuis cette époque que je vous connais et que je vous rends visite. Je suis déjà dans vos liens : "Mamiehiou, la belle langue de Molière". C'est joliment dit. Et vous êtes dans les miens.<br /> Littérairement vôtre,<br /> mamiehiou<br /> <br /> <br /> <br />
D
<br /> Fameuse nouvelle ! Jubilatoire ! J'adore ! Superbe votre blog !<br /> <br /> <br /> Bien à vous,<br /> <br /> <br /> Dana Lang, conteur auteur<br />
Répondre
M
<br /> <br /> Merci Dana !<br /> <br /> <br /> Sachez que j'ai beaucoup de plaisir à me promener sur votre blog. Et j'admire votre dynamisme.<br /> <br /> <br /> Bonne soirée !<br /> <br /> <br /> <br />

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