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10 septembre 2017 7 10 /09 /septembre /2017 16:55

  LE FRANÇAIS DANS TOUS SES ÉTATS

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Le problème des difficultés de l'orthographe est toujours de saison et il le restera encore longtemps.

J'ai retrouvé dans le Magazine Lire n°73 de septembre 1981 des articles qui, déjà bien avant la Réforme de l'Orthographe de 1990, mettaient le doigt sur cette question épineuse.

Je reproduis ici quelques-uns des articles du magazine qui se révèlent encore d'une actualité brûlante.

Goûtons à l'humour de François Cavanna qui s'est délecté avec l'orthographe. (2e texte)

 

Sommaire de l'article

1° Page 37

Les bizarreries de l'orthographe française

par François Donzel

 

2° Page 39

L'orthographe et la grammaire, quel régal !

François Cavanna 1923-2014

 

Page 45

Le Point de vue de Jean Milster*

Secrétaire perpétuel de l'Académie Française

 

♥ ♥

 

Les bizarreries de l'orthographe française

par François Donzel

 

Relai mais délais, chariot mais charrette, résonner mais résonance, etc. Accord des participes passés, particularité d'accentuation, consonnes doubles, lettres étymologiques (théâtre), verbes irréguliers, etc. : le code orthographique du français est très complexe et souvent arbitraire.

La langue française est la seule des langues romanes (c'est-à-dire issue du latin comme l'italien, le roumain, le portugais, l'espagnol) à être encombrée d'homonymes (mots d'orthographe et de sens différents, mais de même prononciation) : saint, ceint, sein, seing*...

La langue française se singularise par l'écart extrême qui sépare ce qui s'écrit de ce qui se prononce (ainsi, dans oiseau, aucune lettre ne se prononce) :

o le même son peut être traduit par plusieurs lettres différentes, par exemple le son s dans son, passion, patient, grâce, façon, soixante ;

o une même lettre peut transcrire plusieurs sons différents, par exemple x représente ks dans boxe, gz dans exigu, s dans dix, z dans sixième ;

o tout ce qui s'écrit ne se prononce pas : mort, temps, tu as ...

Ce système complexe et non dépourvu d'arbitraire suscite régulièrement critiques et sarcasmes : c'est "une des fabrications les plus cocasses du monde" (Paul Valéry), un "orthofouillis", (enseignants du mouvements Freinet), il procède d'"une logique d'aliénés" (Pr A. Martinet).

Il est l'aboutissement du choix effectué par l'Académie en 1694 d'adopter l'orthographe des greffes royaux ou "ancienne orthographe qui distingue les gens de lettres d'avec les ignorans** et les simples femmes".

*Récapitulation des articles "Ne pas confondre"

**ignorans orthographe de l'époque

L'orthographe et la grammaire, quel régal !

François Cavanna

 

Il y a des mots avec des h en trop, des consonnes doublées, des eau, des ault, des ain, des xc... C'est ceux que je préfère. Ça leur donne une physionomie spéciale, un air précieux, un peu maladif, comme thé ou au contraire pétant de gros muscles, comme apporter, recommander, ou qui fait grincer des dents, comme exception. Il y a des mots à chapeaux à plumes, des mots à falbalas, des mots à béquilles et dentiers, des mots ruisselants de bijoux, des mots pleins de rocaille et de trucs piquants, des mots à parapluie...

Quand on me parle, mais surtout quand je parle, je les vois passer à toute vibure, s'accorder, se conjuguer, s'essayer un "s"au pluriel, le rejeter en pouffant parce que ça va pas du tout, grotesque et laid, vite s'accrocher l'"x"qui va comme un gant, ah, c'est bon, salut, ça défile.

Ça explique que, très vite, j'ai su mettre l'orthographe. La grammaire m'a toujours été un jeu proposé aux règles passionnantes, jeu de logique et d'architecture. Jamais été foutu d'apprendre la belote ni le plus facile des jeux de cartes. Mais la grammaire, quel régal !

(Je sais, c'est très mal porté de dire ça aujourd'hui. L'orthographe est un instrument de torture forgé par la classe dominante pour snober les croquants, la grammaire est un galimatias insultant toute logique et toute cohérence. La langue française un tas de boue juste bon à entraver l'essor de la pensée. Voilà comme on doit causer, qu'on se veuille jeune loup dans le vent ou contestataire bon teint. Allez vous faire foutre ! Le français est la plus amusante, la plus scintillante, la plus stimulante pour l'esprit de toutes les langues qu'il m'a été donné de connaître avec intimité. Seul le russe est plus somptueux, plus architecturé mais beaucoup moins imprévu. Tas d'imaginations débiles que vous faites, bandes de feignasses à qui il faut tout mâcher, saletés de sociétaires de la Comédie Française qui supprimez les e muets dans les alexandrins, si vous saviez, petits cons, ce qu'on peut se marrer avec des virgules et des passés simples (que vous appelez "imparfaits du subjonctif", en vous croyant malins !), si vous saviez ! Plus qu'avec une guitare, merdeux, bien plus ! Et sans faire suer les voisins."

 

 

Le Point de vue de Jean Milster*

Secrétaire perpétuel de l'Académie Française

 

"La crise de l'orthographe n'est qu'un chapitre de la crise du français. Je crois même que l'orthographe souffre plutôt moins que la syntaxe dans l'environnement actuel.

On est cependant très sensible aux divers projets de réforme de l'orthographe qui sont publiés parfois, parce que l'orthographe française est peut-être la plus difficile du monde.

Dans certaines langues, l'allemand ou l'italien, par exemple, l'orthographe calquée uniquement sur la prononciation, rend les fautes presque impossibles. Notre langue est, au contraire, très difficile, comme l'anglais, et celui qui se fierait à la prononciation commettrait d'énormes fautes d'orthographe.

L'Académie a pris une part de cette responsabilité au XVIIe siècle, lorsqu'elle a choisi une orthographe savante, fondée sur l'étymologie. On a obtenu, par exemple, en français, la forme compte au lieu du conto italien.

On a étudié ou partiellement réalisé plusieurs réformes. Au XVIIIe siècle, l'Académie a changé l'orthographe d'environ 5000 mots. C'est à cette date que le français a pris son aspect moderne, par opposition à celui qu'il avait du temps de Montaigne, et encore de Corneille. Dans les dernières éditions du Dictionnaire, il y a eu d'autres changements : on écrivait rythme ainsi : rhythme, et phtisie avec deux h. De telles réformes sont parfaitement acceptables, mais des changements plus profonds aboutiraient à ce résultat de faire faire des fautes à ceux qui savent l'orthographe, sans, bien entendu, faire écrire correctement les ignorants.

Je considère d'ailleurs que le problème de l'orthographe est presque un problème secondaire, lorsque la syntaxe s'en va à vau-l'eau, et que chaque jour la radio et la télévision donnent l'exemple des fautes les plus grossières, tandis que la publicité semble faire exprès, sous prétexte de simplicité, de cultiver les barbarismes et les constructions incorrectes en imprimant C'est pas bon ou Qui c'est-y ? en attendant sans doute d'écrire froidement Kecèksa ? "

 

*Jean Milster http://www.lauragais-patrimoine.fr/HISTOIRE/JEAN-MISTLER/JEAN-MISTLER.html

 

> Réforme de l'orthographe (1990) – La Nouvelle orthographe

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