→ FLORILÈGE
→ ACCUEIL & SOMMAIRE
→Tous les articles du blog
→Tome 1
8888888888888888888888888888888888
Louise Labé, la Belle Cordière
vers 1524 - 1566
88888888888888888888888888888888888
Baise m'encor, rebaise-moi et baise...
Baise m'encor, rebaise-moi et baise :
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Las, te plains-tu ? ça que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi mêlant nos baisers tant heureux
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement,
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
Sonnet XVIII
888888888888888888888888
Pierre de Ronsard
1524 - 1585
888888888888888888888888
Amourette
Or que l'hiver roidit la glace épaisse,
Réchauffons-nous, ma gentille maîtresse,
Non accroupis près le foyer cendreux,
Mais aux plaisirs des combats amoureux.
Assisons-nous sur cette molle couche.
Sus ! baisez-moi, tendez-moi votre bouche,
Pressez mon col de vos bras dépliés,
Et maintenant votre mère oubliez.
Que de la dent votre tétin je morde,
Que vos cheveux fil à fil je détorde.
Il ne faut point, en si folâtres jeux,
Comme au dimanche arranger ses cheveux.
Approchez donc, tournez-moi votre joue.
Vous rougissez ? il faut que je me joue.
Vous souriez : avez-vous point ouï
Quelque doux mot qui vous ait réjoui ?
Je vous disais que la main j'allais mettre
Sur votre sein : le voulez-vous permettre ?
Ne fuyez pas sans parler : je vois bien
A vos regards que vous le voulez bien.
Je vous connais en voyant votre mine.
Je jure Amour que vous êtes si fine,
Que pour mourir, de bouche ne diriez
Qu'on vous baisât, bien que le désiriez ;
Car toute fille, encor' qu'elle ait envie
Du jeu d'aimer, désire être ravie.
Témoin en est Hélène, qui suivit
D'un franc vouloir Pâris, qui la ravit.
Je veux user d'une douce main-forte.
Hà ! vous tombez, vous faites jà la morte.
Hà ! quel plaisir dans le coeur je reçois !
Sans vous baiser, vous moqueriez de moi
En votre lit, quand vous seriez seulette.
Or sus ! c'est fait, ma gentille brunette.
Recommençons afin que nos beaux ans
Soient réchauffés de combats si plaisants.
Second livre des Amours
888888888888888888888888888
Gérard de Nerval
1808 - 1855
888888888888888888888888888
El Desdichado
Je suis le ténébreux, — le veuf, — l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.
Suis-je Amour ou Phébus ?... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encore du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...
Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Les Chimères
888888888888888888888888888
Alfred de Musset
1810 - 1857
888888888888888888888888888
Chanson de Fortunio
Si vous croyez que je vais dire
― Qui j'ose aimer,
Je ne saurais, pour un empire,
― Vous la nommer.
Nous allons chanter à la ronde,
― Si vous voulez,
Que je l'adore et qu'elle est blonde
― Comme les blés.
Je fais ce que sa fantaisie
― Veut m'ordonner,
Et je puis, s'il lui faut ma vie,
― La lui donner.
Du mal qu'une amour ignorée
― Nous fait souffrir,
J'en porte l'âme déchirée
― Jusqu'à mourir.
Mais j'aime trop pour que je die
― Qui j'ose aimer,
Et je veux mourir pour ma mie
― Sans la nommer.
Poésies Nouvelles
888888888888888888888888888
Henri de Régnier
1864 - 1936
888888888888888888888888888
Odelette 2
Si j'ai parlé
De mon amour, c'est à l'eau lente
Qui m'écoute quand je me penche
Sur elle ; si j'ai parlé
De mon amour, c'est au vent
Qui rit et chuchote entre les branches ;
Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent ;
Si j'ai parlé
C'est à l'écho ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux, Ce sont tes yeux ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chair tiède et tes mains fraiches,
Et c'est ton ombre que je cherche.
Les Jeux rustiques et divins
888888888888888888888888888
Charles Baudelaire
1821 - 1867
888888888888888888888888888
L'Invitation au Voyage
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Les Fleurs du Mal
88888888888888888888888
Jean-Paul Toulet
1867 - 1920
88888888888888888888888
En Arle
Dans Arle, où sont les Aliscamps
Quand l’ombre est rouge sous les roses,
Et clair le temps,
Prends garde à la douceur des choses.
Lorsque tu sens battre sans cause
Ton cœur trop lourd ;
Et que se taisent les colombes :
Parle tout bas si c’est d’amour
Au bord des tombes.
Contre-rimes
888888888888888888888888888
Louis Aragon
1897 - 1982
888888888888888888888888888
Les yeux d'Elsa
Je ne peux pas publier ce poème que j'aime. L'oeuvre n'est pas encore tombée dans le domaine public, mais, en cherchant bien, vous pouvez trouver le texte sur la toile.
Quand un ouvrage peut-il tomber dans le domaine public ?
Lire : Pourquoi Apollinaire a mis 95 ans pour entrer dans le domaine public
>> Voir aussi : Poèmes d'amour Tome 1
>> Et d'autres textes d'auteurs dans "La pensée des autres"
→ FLORILÈGE
→ ACCUEIL & SOMMAIRE
→Tous les articles du blog