Vous pouvez vous dispenser de relire l'introduction à cet exercice si vous l'avez déjà lue dans l'article de la dictée 1
> Orthographe – grammaire : comment se remettre à niveau – Dictée 1
Que de fautes de français dans les textes écrits !
Et que de gens désireux d'améliorer leur orthographe !
Mon blog propose déjà de nombreux exercices.
Je vous donne ici un texte "comme si vous faisiez une dictée". Certains mots écrits "phonétiquement" demanderont à être "décryptés phoniquement " et écrits correctement.
Je n'emploie pas les signes phonétiques internationaux qui pourraient ajouter des difficultés au décryptage.
Le texte d'auteur est ensuite donné sans fautes et je tâche d'expliquer ce qui aurait pu vous paraître difficile.
Exemples de mots ou de terminaisons écrits "phonétiquement" :
ê pour ai, ais, ait, aie, aies, ait, aient, et, est, es
sa pour sa, ça ou çà.
ou pour ou où hou ouh
du pour dû, du(s), du(es), dut, dût
quel pour quels/quelle/quelles ou qu'elle/elles
quelque pour quelque ou quels/quelle/quelles + que
quoique pour quoique et quoi que
ver pour ver, vers, vert, verre, vair, ou au pluriel
si pour si, s'y ou ci
a pour a, à, ah, ha
o pour ô, oh, ho, au, aux, eau, eaux, haut
leur pour leur, leurs, leurre ou l'heure (ou même l'heur)
c'étê pour c'était ou c'étaient
é pour és, ée, ées, er
etc.
Rétablissez les accents s'il le faut.
Il faudra accorder les verbes, les participes passés, les adjectifs, etc.
>> Récapitulation des articles : "Ne pas confondre... "
CONSEIL :
Écrivez en toutes lettres les mots à corriger.
Mieux encore : Imprimez le texte et écrivez les mots dans l'interligne.
Bon courage et faites-en profiter vos amis !
Exemple :
Toute les foi qu'il me rencontrê, il me demandê si j'avê mangé.
Correction :
Toutes les fois qu'il me rencontrait, il me demandait si j'avais mangé.
La Mort d'Olivier Bécaille d'Émile Zola
Sê un samedi, a six heure du matin que je suis mort après trois jour de maladies. Ma povre femme fouillê depuis un instant dans la malle, ou elle cherchê du linge.
Lorsqu'elle sê relevé ê quel ma vue rigide, les yeux ouvert, sans un soufle, elle ê acouru, croyant a un évanouissement, me touchant les mains, se penchant sur mon visage. Puis, la terreur la prise ; ê, afolée elle a bégayer, en éclatant en larme :
- Mon Dieu ! mon Dieu ! il ê mort !
J'entendê tout, mais les sons afaiblis semblê venir de très loin. Seul, mon euil gauche persevê encor une lueur confuse, une lumière blanchatre ou les objets ce fondaient ; l'euil droit se trouvê complètemment paralisé.
S'étê une sincope de mon être entier comme un cou de foudre qui m'avait anéantit. Ma volontée étê morte, plus une fibre de ma chaire ne m'obéissê. ê, dans se néant, au-dessus de mes menbres inertes, la pensé seul demeurê, lante ê parresseuse, mais d'une nettetée parfaite.
Ma povre Marguerite pleurê, tombé a genou devant le lit, répétant d'une voie déchiré :
- Il ê mort, mon Dieu ! il ê mort !
Étê-ce dont la mort, se singulié état de torpeur, cette chaire frappé d'immobilitée, tandis que l'inteligence fonctionê toujour ? étê-ce mon ame qui s'atardêt ainsi dans mon crane, avant de prendre son vole ? Depuis mon enfanse, j'étê sujê a des crises nerveuse. Deux foi, tout jeune, des fièvres aigües avê faillie m'enporté. Puis, autour de moi, on s'étê habituer a me voire maladif ; ê moi même j'avais défendus a Marguerite d'allé chercher un mèdecin, lorsque je m'étê couché le matin de nôtre arrivé a Paris, dans cette hotel meublé de la rue Dauphine. Un peu de repos sufirê, s'étê la fatigue du voyage qui me courbaturê ainssi. Pourtant, je me sentê plain d'une angoise afreuse. Nous avions quitter brusquement notre province, très povres, ayant a peine de quoi atendre les apointements de mon premier mois, dans l'administrasion ou je m'étê assuré une place. ê voila qu'une crise subite m'emportê !
Étê-ce bien la mort ? Je m'étê imaginé une nuit plus noir, un silence plus lourt. Tout petit, j'avais déjà peur de mourrir. Comme j'étê débil ê que les gens me carressê avec compassion, je penssê constament que je ne vivrê pas, qu'on m'entererê de bonne heure. ê cette pensé de la terre me cosê une épouvante, a laquel je ne pouvais m'habitué, bien qu'elle me hanta17 nuit ê jour. En grandissant, j'avais gardé cet idée fix. Parfois, après des journées de réflection, je croyais avoir vaincus ma peur. Et bien !
On mourait, c'étê finit ; tout le monde mourait un jour ; rien ne devait être plus comode ni meilleure. J'arrivê presqu'a être gay, je regardê la mort en face. Puis, un frison brusque me glassê, me rendait a mon vertige, comme si une main géante m'eut balancé au-dessus d'un goufre noire. S'étê la pensé de la terre qui revennê ê emportê mes résonements.
Que de foi, la nuit, je me suis réveillé en surso, ne sachant quel soufle avait passer sur mon sommeil, joingnant les mains avec désespoir, balbussiant :
“ Mon Dieu ! mon Dieu ! il faut mourrir ! ” Une anxiétée me cérê la poitrine, la néssecitée de la mort me paréssê plus abominable, dans l'étourdisement du réveille. Je ne me rendormê qu'avec peine, le sommeil m'inquiètê, tellement il resemblê a la mort. Si j'allais dormir toujour ! Si je fermê les yeux pour ne lé rouvrirent jamais !
J'ignore si d'autre on souferts se tourment. Il a désoler ma vie. La mort sê dressé entre moi ê tout se que j'ê aimé. Je me souvient des plus heureux instants que j'ê passé avec Marguerite.
Dans les premier mois de notre marriage, lorsqu'elle dormê la nuit a mon coté, lorsque, je songê a elle en fesant des rèves d'a venir, s'en sesse l'atente d'une séparation fatal gatê mes joies, détruisê mes espoir. Il faudrê nous quittés, peut-être demain, peut-être dans une heure. Un immense découragement me prenê, je me demandê a quoi bon le bonneur d'être ensembles, puisqu'il devê aboutire a un déchirement si cruel. Alors, mon imagination ce plaisê dans le deuil. Qui partirê le premier, elle ou moi ? ê lune ou l'autre alternative m'atendrissê aux larmes, en déroullant le tableaux de nos vies brisés. Au meilleur époque de mon existance, j'ê eut ainsi des mélancolies soudaines que personne ne comprenê. Lorsqu'il m'arrivê une bonne chance, on s'étonnê de me voir sombre. S'étê que tout d'un cou, l'idée de mon néant avait traversé ma joie. Le terrible : “A quoi bon ?” sonê comme un gla a mes oreilles.
Texte avec les fautes soulignées suivies des explications Se rapporter aux numéros à la suite de chaque paragraphe |
Texte original Extrait |
La Mort d'Olivier Bécaille
Sê un samedi, a six heure du matin que je suis mort après trois jour de maladies. Ma povre femme fouillê depuis un instant dans la malle, ou1 elle cherchê du linge. |
La Mort d'Olivier Bécaille
C'est un samedi, à six heures du matin que je suis mort après trois jours de maladie. Ma pauvre femme fouillait depuis un instant dans la malle, où elle cherchait du linge. |
Notes : 1- la malle où elle cherchait du linge où, pronom relatif qui a pour antécédent malle : elle cherchait du linge dans la malle
2-elle s'est relevée, verbe pronominal se relever conjugué au passé composé avec l'auxiliaire être. La règle de l'accord des participes passés des verbes pronominaux est la même que lorsque les verbes sont conjugués avec avoir : ils s'accordent avec le complément d'objet direct s'il y en a un et s'il est placé avant le participe passé. Se dans se relever est un pronom réfléchi. Elle s'est relevée > elle a relevé elle-même. Donc accord.
3-et qu'elle m'a vu que (élidé en qu' devant une voyelle) remplace lorsque pour éviter la répétition : lorsqu'elle s'est relevée et lorsqu'elle m'a vu > Qu'est-ce qu'un verbe pronominal réfléchi, réciproque, subjectif... ? 4-elle est accourue – verbe accourir au passé composé. Note de Littré : Accourir se construit avec l'auxiliaire avoir et l'auxiliaire être. L'on se sert du premier quand on a particulièrement l'intention d'exprimer l'action d'accourir ; et du second, quand on a l'intention d'exprimer l'état d'une personne qui est accourue. Elles ont accouru en hâte nous porter secours ; elles sont accourues et ont contemplé ce triste spectacle. Le participe passé s'accorde avec le sujet lorsqu'il est conjugué avec l'auxiliaire être (sauf celui des verbes pronominaux) Verbes commençant par AC- ACC- Ils s'écrivent tous avec 2C, sauf acquérir et s'acoquiner
5-la terreur l'a prise, prendre au passé composé. Le participe passé prise s'accorde avec le complément placé avant lui : l' (la élidé) qui remplace ma pauvre femme. |
Étê-ce dont la mort, se singulié état de torpeur, cette chaire14 frappé d'immobilitée, tandis que l'inteligence fonctionê toujours ? étê-ce mon ame qui s'atardêt ainsi dans mon crane, avant de prendre son vole ? Depuis mon enfanse, j'étê sujê a des crises nerveuse. Deux foi15, tout jeune, des fièvres aigües avê faillie m'enporté16. Puis, autour de moi, on s'étê habituer a me voire17 maladif ; ê moi même j'avais défendus a Marguerite d'allé chercher un mèdecin, lorsque je m'étê couché le matin de nôtre18 arrivé a Paris, dans cette hotel19 meublé de la rue Dauphine. Un peu de repos sufirê, s'étê la fatigue du voyage qui me courbaturê ainssi. Pourtant, je me sentê plain d'une angoise afreuse. Nous avions quitter brusquement notre province, très povres, ayant a peine de quoi atendre les apointements de mon premier mois, dans l'administrasion20 ou je m'étê assuré une place. ê voila21 qu'une crise subite m'emportê ! |
Était-ce donc la mort, ce singulier état de torpeur, cette chair frappée d'immobilité, tandis que l'intelligence fonctionnait toujours ? Était-ce mon âme qui s'attardait ainsi dans mon crâne, avant de prendre son vol ? Depuis mon enfance, j'étais sujet à des crises nerveuses. Deux fois, tout jeune, des fièvres aiguës avaient failli m'emporter. Puis, autour de moi, on s'était habitué à me voir maladif ; et moi-même j'avais défendu à Marguerite d'aller chercher un médecin, lorsque je m'étais couché le matin de notre arrivée à Paris, dans cet hôtel meublé de la rue Dauphine. Un peu de repos suffirait, c'était la fatigue du voyage qui me courbaturait ainsi. Pourtant, je me sentais plein d'une angoisse affreuse. Nous avions quitté brusquement notre province, très pauvres, ayant à peine de quoi attendre les appointements de mon premier mois, dans l'administration où je m'étais assuré une place. Et voilà qu'une crise subite m'emportait ! |
FOIS -que de fois, une fois – Dérivés : quelquefois, parfois FOI- avoir la foi, être croyant – avoir foi en quelqu'un, en quelque chose. Eh bien ma foi ! Par ma foi ! FOIE – le foie est un organe qui sécrète la bile. aigu, ambigu, exigu et la ciguë ont un tréma sur le e au féminin singulier et pluriel aiguë, ambiguë, exiguë. des fièvres aiguës avaient failli m'emporter avaient failli, plus-que parfait, le participe passé est failli. Emporter est à l'infinitif. Si l'on remplace emporter par faire on a : des fièvres aiguës avaient failli me faire (et non pas fait) 17-voire avec un E : même. On dit aussi voire même > Voire ou voire même ? Que doit-on dire ?
18-notre arrivée à Paris NOTRE est un adjectif possessif, on peut le remplacer par un autre déterminant comme un article indéfini : l'arrivée, ou un article indéfini : une arrivée. NÔTRE est un pronom possessif, il remplace un nom. > C'est la nôtre. (nôtre remplace notre voiture) 19-cet hôtel Les adjectifs démonstratifs masculins au singulier : ce, cet, (suivis d'un nom) Cet est suivi d'une voyelle ou d'un h muet : cet homme, cet élève attentif. 20-administration Les mots se terminant par ATION s'écrivent avec un T sauf passion et compassion. 21-un accent à voilà (Vois là) > Voilà - Voici pas d'accent à cela. |
Étê-ce bien la mort ? Je m'étê imaginé une nuit plus noir, un silence plus lourt. Tout petit, j'avais déjà peur de mourrir22. Comme j'étê débil ê que les gens me carressê avec compassion, je penssê constament23 que je ne vivrê pas24, qu'on m'entererê de bonne heure. ê cette pensé de la terre me cosê une épouvante, a laquel je ne pouvais m'habitué, bien qu'elle me hanta25 nuit ê jour. En grandissant, j'avais gardé cet idée fix. Parfois, après des journées de réflection je croyais avoir vaincus26 ma peur. Et bien27 ! |
Était-ce bien la mort ? Je m'étais imaginé une nuit plus noire, un silence plus lourd. Tout petit, j'avais déjà peur de mourir. Comme j'étais débile et que les gens me caressaient avec compassion, je pensais constamment que je ne vivrais pas, qu'on m'enterrerait de bonne heure. Et cette pensée de la terre me causait une épouvante, à laquelle je ne pouvais m'habituer, bien qu'elle me hantât nuit et jour. En grandissant, j'avais gardé cette idée fixe. Parfois, après des journées de réflexion, je croyais avoir vaincu ma peur. Eh bien ! |
22-MOURIR (comme COURIR et ses dérivés accourir, recourir) prend 2R seulement au futur, je courrai, il courra... et au conditionnel présent, je courrais, il courrait. adjectif constant 24-je pensais constamment que je ne vivrais pas, qu'on m'enterrerait de bonne heure. Mettons la phrase au présent : Je pense constamment que je ne vivrai pas, qu'on m'enterrera ... Concordance des temps : Le présent dans la proposition principale entraîne le futur (vivrai) dans la subordonnée. Le passé dans la proposition principale entraîne le conditionnel (vivrais) dans la subordonnée. Ce conditionnel est un futur du passé. 25-je ne pouvais m'habituer bien qu'elle me hantât On a ici le subjonctif hantât et pas un passé simple (hanta). Après la locution conjonctive bien que, on a toujours le subjonctif > Bien que 26-je croyais avoir vaincu ma peur avoir vaincu, infinitif passé vaincre, verbe du 3e groupe présent de l'indicatif : je vaincs, il vainc 28-j'arrivais presque à être gai. Il y a une disjonction après presque (le E final n'est pas élidé) sauf dans presqu'île gay, homosexuel. Changeons le sujet : Tu penses constamment que tu ne vivras pas. Tu pensais constamment que tu ne vivrais pas. Le radical de enterrer est terre. 2R 30-comme si une main géante m'eût balancé : subjonctif plus-que-parfait La conjonction de subordination SI et la locution conjonctive COMME SI sont suivies de l'indicatif ou du subjonctif (langue soignée) comme si une main géante m'avait balancé : indicatif plus-que-parfait. 31-mes raisonnements Ne pas confondre résonner, retentir et raisonner, exercer sa raison. |
Dans les premier mois de notre marriage, lorsqu'elle dormê la nuit a mon coté, lorsque je songê a elle en fesant des rèves d'a venir, s'en sesse l'atente d'une séparation fatal gatê mes joies, détruisê mes espoir. Il faudrê nous quittés, peut-être demain, peut-être dans une heure. Un immense découragement me prenê, je me demandê a quoi bon le bonneur d'être ensembles36, puisqu'il devê aboutire a un déchirement si cruel. Alors, mon imagination ce plaisê37 dans le deuil. Qui partirê38 le premier, elle ou moi ? ê lune ou l'autre alternative m'atendrissê aux larmes, en déroullant le tableaux de nos vies brisés. Au meilleur époque de mon existance, j'ê eut ainsi des mélancolies soudaines que personne ne comprenê. Lorsqu'il m'arrivê une bonne chance, on s'étonnê de me voir sombre. S'étê que tout d'un cou, l'idée de mon néant avait traversé ma joie. Le terrible : “A quoi bon ?” sonê comme un gla a mes oreilles. |
Dans les premiers mois de notre mariage, lorsqu'elle dormait la nuit à mon côté, lorsque je songeais à elle en faisant des rêves d'avenir, sans cesse l'attente d'une séparation fatale gâtait mes joies, détruisait mes espoirs. Il faudrait nous quitter, peut-être demain, peut-être dans une heure. Un immense découragement me prenait, je me demandais à quoi bon le bonheur d'être ensemble, puisqu'il devait aboutir à un déchirement si cruel. Alors, mon imagination se plaisait dans le deuil. Qui partirait le premier, elle ou moi ? Et l'une ou l'autre alternative m'attendrissait aux larmes, en déroulant le tableau de nos vies brisées. Aux meilleures époques de mon existence, j'ai eu ainsi des mélancolies soudaines que personne ne comprenait. Lorsqu'il m'arrivait une bonne chance, on s'étonnait de me voir sombre. C'était que tout d'un coup, l'idée de mon néant avait traversé ma joie. Le terrible : |
Voir le texte intégral complet dans in Libro Veritas
>> Emile Zola - La Mort d'Olivier Bécaille - texte intégral - In Libro Veritas
La Mort d'Olivier Bécaille d'Emile Zola
1884
Extrait
C'est un samedi, à six heures du matin que je suis mort après trois jours de maladie. Ma pauvre femme fouillait depuis un instant dans la malle, où elle cherchait du linge.
Lorsqu'elle s'est relevée et qu'elle m'a vu rigide, les yeux ouverts, sans un souffle, elle est accourue, croyant à un évanouissement, me touchant les mains, se penchant sur mon visage. Puis, la terreur l'a prise ; et, affolée elle a bégayé, en éclatant en larmes :
- Mon Dieu ! mon Dieu ! il est mort !
J'entendais tout, mais les sons affaiblis semblaient venir de très loin. Seul, mon oeil gauche percevait encore une lueur confuse, une lumière blanchâtre où les objets se fondaient ; l'oeil droit se trouvait complètement paralysé.
C'était une syncope de mon être entier comme un coup de foudre qui m'avait anéanti. Ma volonté était morte, plus une fibre de ma chair ne m'obéissait. Et, dans ce néant, au-dessus de mes membres inertes, la pensée seule demeurait, lente et paresseuse, mais d'une netteté parfaite.
Ma pauvre Marguerite pleurait, tombée à genoux devant le lit, répétant d'une voix déchirée :
- Il est mort, mon Dieu ! il est mort !
Était-ce donc la mort, ce singulier état de torpeur, cette chair frappée d'immobilité, tandis que l'intelligence fonctionnait toujours ? Était-ce mon âme qui s'attardait ainsi dans mon crâne, avant de prendre son vol ? Depuis mon enfance, j'étais sujet à des crises nerveuses. Deux fois, tout jeune, des fièvres aiguës avaient failli m'emporter. Puis, autour de moi, on s'était habitué à me voir maladif ; et moi-même j'avais défendu à Marguerite d'aller chercher un médecin, lorsque je m'étais couché le matin de notre arrivée à Paris, dans cet hôtel meublé de la rue Dauphine. Un peu de repos suffirait, c'était la fatigue du voyage qui me courbaturait ainsi. Pourtant, je me sentais plein d'une angoisse affreuse. Nous avions quitté brusquement notre province, très pauvres, ayant à peine de quoi attendre les appointements de mon premier mois, dans l'administration où je m'étais assuré une place. Et voilà qu'une crise subite m'emportait !
Était-ce bien la mort ? Je m'étais imaginé une nuit plus noire, un silence plus lourd. Tout petit, j'avais déjà peur de mourir. Comme j'étais débile et que les gens me caressaient avec compassion, je pensais constamment que je ne vivrais pas, qu'on m'enterrerait de bonne heure. Et cette pensée de la terre me causait une épouvante, à laquelle je ne pouvais m'habituer, bien qu'elle me hantât nuit et jour. En grandissant, j'avais gardé cette idée fixe. Parfois, après des journées de réflexion, je croyais avoir vaincu ma peur. Eh bien !
On mourait, c'était fini ; tout le monde mourait un jour ; rien ne devait être plus commode ni meilleur. J'arrivais presque à être gai, je regardais la mort en face. Puis, un frisson brusque me glaçait, me rendait à mon vertige, comme si une main géante m'eût balancé au-dessus d'un gouffre noir. C'était la pensée de la terre qui revenait et emportait mes raisonnements.
Que de fois, la nuit, je me suis réveillé en sursaut, ne sachant quel souffle avait passé sur mon sommeil, joignant les mains avec désespoir, balbutiant :
“ Mon Dieu ! mon Dieu ! il faut mourir ! ” Une anxiété me serrait la poitrine, la nécessité de la mort me paraissait plus abominable, dans l'étourdissement du réveil. Je ne me rendormais qu'avec peine, le sommeil m'inquiétait, tellement il ressemblait à la mort. Si j'allais dormir toujours ! Si je fermais les yeux pour ne les rouvrir jamais !
J'ignore si d'autres ont souffert ce tourment. Il a désolé ma vie. La mort s'est dressée entre moi et tout ce que j'ai aimé. Je me souviens des plus heureux instants que j'ai passés avec Marguerite.
Dans les premiers mois de notre mariage, lorsqu'elle dormait la nuit à mon côté, lorsque je songeais à elle en faisant des rêves d'avenir, sans cesse l'attente d'une séparation fatale gâtait mes joies, détruisait mes espoirs. Il faudrait nous quitter, peut-être demain, peut-être dans une heure. Un immense découragement me prenait, je me demandais à quoi bon le bonheur d'être ensemble, puisqu'il devait aboutir à un déchirement si cruel. Alors, mon imagination se plaisait dans le deuil. Qui partirait le premier, elle ou moi ? Et l'une ou l'autre alternative m'attendrissait aux larmes, en déroulant le tableau de nos vies brisées. Aux meilleures époques de mon existence, j'ai eu ainsi des mélancolies soudaines que personne ne comprenait. Lorsqu'il m'arrivait une bonne chance, on s'étonnait de me voir sombre. C'était que tout d'un coup, l'idée de mon néant avait traversé ma joie. Le terrible : “À quoi bon ?” sonnait comme un glas à mes oreilles.
Les homophones ou où hou ouh houx août houe / Ton père ou ta mère viendra ou viendront ?
Les homophones/paronymes et es est ai aie aies ait aient eh hé hais hait haie ais ès + Note sur les conjonctions de coordination
>> Récapitulation des articles : "Ne pas confondre... "
*Valeurs et emplois du subjonctif
La clef des modes - Indicatif, subjonctif ou conditionnel, lequel choisir ?
Les verbes difficiles conjugués à l'indicatif présent, au passé simple, au subjonctif présent et au subjonctif imparfait
Les Textes de mes DÉLIRES peuvent vous servir de textes de dictées (pour les grands)
Voir aussi La dictée de Mérimée avec ses difficultés expliquées par le menu
Si vous avez fait beaucoup de fautes, refaites la dictée dans quelques temps.
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