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Vous êtes-vous jamais demandé quels films ont marqué votre vie ? Si vous aviez à donner quatre ou cinq titres de films, comme ça, rapidement, sans y réfléchir longtemps, que diriez-vous ? Réfléchir, ce serait raisonner et ce n'est pas ici une question de raison, c'est plutôt l'émotion que vous avez ressentie quand vous les avez vus, qui doit ressurgir1 et vous faire dire : « Ces films-là, je les aime parce qu'ils font partie de moi-même. »
Si toutes les expériences de la vie nous construisent, il en est de même des livres et des films. Tel film que j'aime, vous l'avez peut-être vu sans vous émouvoir et vous vous étonnez de ce qu'on puisse y prêter autant d'attention.
Je ne veux pas vous parler de tous les films que j'ai aimés, mon blog n'y suffirait pas, mais de ceux-là mêmes qui ont laissé une empreinte profonde, indélébile et qui me reviennent en mémoire tout au long de ma vie, à propos d'un rien, d'une image, d'un nom entendu par hasard, d'une musique, d'une pensée, mais surtout d'un certain frémissement du coeur et de l'âme.
Sans ordre chronologique, sans ordre de préférence, les voilà bientôt qui accourent, alors que je donne libre cours à ma rêverie.
Je veux vous en donner une courte liste.
Autant en emporte le vent - 1939
Je l'ai aimé pour l'esthétique de l'oeuvre en Technicolor, pour la grandeur de l'épopée, pour les acteurs et le jeu de leur personnage, pour l'intrigue et les rebondissements, pour l'intelligence et la sensibilité de l'auteur du livre2 — que j'ai lu, après avoir vu le film, il y a bien longtemps déjà.
Mais je l'ai aimé surtout — et c'est pour cela qu'il figure ici — pour la violence des passions, qui bouleverse, qui vous prend tout entier, jusqu'à vous couper le souffle. Et vous vous exclamez : « Est-il possible d'aimer ainsi ? Et moi, un jour, aimerai-je avec autant de force ? »
Le Bois de Bouleaux - 1970
Les images, un bois de bouleaux où le regard se perd parmi les arbres, si beaux. L'histoire est empreinte de tristesse, de nostalgie, à la fois de douceur et de violence, et les liens tendus entre les deux frères font chavirer le coeur. La menace de la mort est là, qui rôde. Quelle retenue et quelle pudeur la décrivent ! Et puis ce mort, qu'on lave avec vénération.
Et qui nous renvoie à notre propre fin, inéluctable.
Fanny et Alexandre - 1982
Film flamboyant où les personnages — et la maison — évoluent au coeur d'une vaste famille qui, à l'apparence unie et heureuse, se perd, se cherche, se trouve, nouant et dénouant les fils de l'amour tendre et de la passion, de la fidélité et de la trahison, des déceptions et de l'espérance.
Film magnifique dont le scénario raconte une réalité qui s'émaille çà et là d'instants tenant du fantastique, ou mieux, du merveilleux, et qui nous faire dire : « En ce monde, tout est donc possible ! »
Ingmar Bergman y a mis de sa propre vie.
Ordet - 1943
On s'interroge. Qui est-il, cet homme qui ose prêcher en haut de la colline et annoncer la fin des temps ? Est-ce un fou ?
Au-delà des apparences, au-delà de ce que le spectateur incrédule pourrait croire, il n'en est rien. Un prophète de notre temps, un visionnaire. Tout en lui est improbable, inédit, déraisonnable ; mais au fil de l'histoire un sentiment s'installe en nous qui pourrait nous laisser croire à une part de vérité.
Et le dénouement nous éclaire et nous frappe comme la foudre.
À noter l'atmosphère mystérieuse et mystique, le cadre sauvage d'un coin perdu au Danemark, le noir et blanc, et la patine des vieux films qu'on ne rencontrent plus beaucoup sur nos écrans de télévision.
Le Nom de la Rose - 1986
On s'embourbe ici dans le marasme d'une abbaye moyenâgeuse où les moines lisent et recopient sans cesse les manuscrits non frappés par l'Index. Et soudain des meurtres inexpliqués. Voilà pour l'intrigue. Mais l'histoire va bien au-delà et ce sont les déchirements vécus par les protagonistes qui remuent les consciences. La religion dans ses états les plus sulfureux. Ici, la religion catholique, certes, en proie aux remous de cette époque-là, mais la question, plus vaste, nous amène à évoquer toutes les doctrines religieuses qui oppriment, et le terrorisme, la torture, les inquisitions, l'interdiction des libertés, les lois partiales et inhumaines, les censures qui brident les esprits. L'intolérance, quoi !
Je dois aussi vous dire que la bibliothèque fascinante dans laquelle on déambule et où l'on risque sa vie à chaque pas, m'a donné une émotion particulière. J'aime les bibliothèques, celles qui font rêver, celles qui n'en finissent pas de vous ensorceler, les mystérieuses, les tentaculaires, les labyrinthiques où l'on aime à se perdre. Je me suis déjà laissé aller à délirer sur les bibliothèques dans un article que j'ai fait, jusqu'à parodier la bibliothèque borgésienne.
111 Délires hitchcockiens (et suivants)
Je ne vous parlerai pas du roman dont j'ai suivi avec volupté les fils enchevêtrés — encore heureux que je l'aie lu avant de voir le film — ni de l'auteur du roman, Umberto Eco que j'aime et que j'admire pour son intelligence, l'étendue de ses connaissances, et son humour ! Un plaisir de l'entendre.
Le Bal des Vampires - 1967
La fantaisie, le fantastique et l'humour, voilà les ingrédients précieux qui me ravissent.
La meilleure histoire de vampires que j'ai vue, et j'en ai beaucoup vu !
Été violent - 1959
La passion, c'est la passion qui domine le film. La passion, filmée dans ses détails les plus ténus — un regard... — dans son expression la plus violente.
Tout est sacrifié pour cette passion qui se rit douloureusement des convenances et des dangers. Une passion poussée à son paroxysme sur fond de décor fasciste, entre deux êtres qui se ressemblent si peu.
Et cette fin, où la séparation, l'insupportable séparation, inévitable, irrémédiable, déchire les deux personnages.
Qui n'a jamais vécu une telle séparation ne peut en ressentir tout le tourment.
Mort à Venise – 1971
Un chant sur le désir, le désir inassouvi, et sur la mort.
1911 – La Belle époque
Un vieil homme* a passé sa vie à côté de la vraie vie (je pense à Faust). Le voilà, par un pur hasard, dans un hôtel à Venise. S'immisce dans son esprit, dans son coeur, dans son corps, un désir auquel le spectateur ose à peine croire.
« Tadzio ! »
Une mère appelle son enfant sur la plage, un bel enfant au seuil de l'adolescence, blond, gracile, presque frêle.
Et pour rester le plus longtemps possible à pouvoir le côtoyer, à pouvoir le regarder, alors qu'il sait que Venise est menacée par une épidémie de choléra — que cachent tant bien que mal les autorités — le vieux compositeur restera là, et il s'éteindra doucement sur le rivage, en contemplant l'objet aimé, sans jamais lui avoir dit un seul mot.
J'avais lu deux ou trois fois la nouvelle de Thomas Mann chargée de détails autobiographiques et de connotations littéraires, et qui m'avait fascinée. J'étais jeune alors.
Le film fut, pour moi, une révélation.
La magnificence. Voilà ce que nous offre Luchino Visconti. Et la musique de Gustav Mahler, somptueuse, sublime.
*Gustav von Aschenbach, le personnage, est écrivain dans la nouvelle, compositeur dans le film. N'est-il pas en quelque sorte un avatar de Gustav Mahler ?
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Autant en emporte le vent (film) – Wikipédia
Le Bois de bouleaux- Wikipédia
Andreïjz Wajda Le Bois de bouleaux (1970) - the never ending blog
>> Blog très intéressant que je viens de découvrir.
Il y a trois jours que son auteur a fait un article sur Le Bois de Bouleaux !
Le Nom de la rose (film, 1986) – Wikipédia
Le Bal des vampires– Wikipédia
Les Sept Samouraïs — Wikipédia
Mort à Venise– le film - Wikipédia
La Mort à Venise– la nouvelle – Wikipédia
Vous pourriez croire, lecteurs cinéphiles, que ces films, je les ai vus à leur sortie (!) Il n'en est rien. J'en ai vu sur des écrans de cinéma mais, pour les plus anciens, je les ai rencontrés par hasard dans les ciné-clubs de la télévision.
Et voilà que revient, une fois encore, la nostalgie.
Les ciné-clubs
Jamais je n'aurais manqué un film de ciné-club au temps où les ciné-clubs étaient dignes de ce nom.
o-De 1971 à 1996, Le "Ciné-Club", présenté par Claude-Jean Philippe était un trésor. Pendant plusieurs semaines, on se plongeait dans les films d'un cinéaste, et au final, on avait l'impression de le connaître. C'était géant !
Puis on passait à un autre génie.
Le vendredi soir était sacré. Il y avait, sur la 2e chaîne de l'ORTF, "Apostrophe" présenté par ce cher Bernard Pivot et puis le "Ciné-Club". Il était parfois bien tard lorsque le film finissait et mes yeux papillotaient. On n'avait pas de magnétoscope pour enregistrer !
Je garde de ce temps-là un souvenir ébloui.
o-Le "Ciné-Club" diffusé aujourd'hui sur France 2 tous les mois, ne ressemble plus à celui que j'ai tant aimé. Quelle culture cinématographique auront nos jeunes – ceux qui aiment vraiment le cinéma - si on ne leur propose pas des films de valeur avec des commentaires intelligents et judicieux ?
o-Le ciné-club "Le Cinéma de Minuit" a été crée en 1976. Il était aussi bien intéressant et nous donnait de nombreux vieux films le dimanche soir. Résonne encore à mes oreilles la voix monocorde du présentateur.
o-De 1982 à 1998, on s'est régalé à "La Dernière Séance" présentée de façon tout à fait charmante par Eddy Mitchel et qui donnait des films américains. Je suis bien sûre de ne pas être la seule à la regretter.
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1982. C'était la quatrième année des Rencontres Cinématographiques Internationales à Saint-Étienne.
Elles proposaient plusieurs films pour chaque cinéaste choisi. C'est là que j'ai découvert Andrzej Wajda et son Bois de Bouleaux. Je me souviens, comme si c'était hier, des films signés de lui que j'ai vus à cette occasion. Quel enthousiasme c'était !
1957 : Ils aimaient la vie (Kanał)
1958 : Cendres et diamant (Popiół i diament)
1970 : Paysage après la bataille (Krajobraz po bitwie)
1970 : Le Bois de bouleaux (Brzezina)
1974 : La Terre de la grande promesse (Ziemia obiecana)1
1977 : L'Homme de marbre (Człowiek z marmuru)
1979 : Les Demoiselles de Wilko (Panny z Wilka)
1980 : Le Chef d'orchestre (Dyrygent)
1981 : L'Homme de fer (Człowiek z żelaza)
Et vous, chers lecteurs internautes qui avez eu la patience de me lire jusque-là, je suis bien sûre que vous pourriez énumérer les films qui vous ont marqués, bouleversés, subjugués.
1-Orthographe resurgir ou ressurgir
2- L'auteur de Autant en emporte le vent est l'Américaine Margaret Mitchell.